Reprise il y a un an par le groupe Fremaux-Delorme, leader mondial du linge de maison haut de gamme, l’enseigne Maison de la Literie bénéficie d’ores et déjà des investissements consentis par ses nouveaux propriétaires, notamment dans la transformation de ses sites de production, au premier rang desquels l’usine de matelas de Saint-Forgeot (71), que nous avons pu visiter. Véritable centre névralgique du spécialiste literie, elle incarne à elle seule l’ADN de “fabricant-distributeur” que ses dirigeants veulent cultiver durablement, pour faire la différence.
« S’il n’y avait pas eu ces deux jambes, nous n’y serions pas allés ». Un an presque jour pour jour après que Fremaux-Delorme a repris Maison de la Literie à la barre du tribunal de commerce de Chalon-sur-Saône (71) et alors qu’il s’apprête à nous faire visiter les 20 000 m2 de son usine de Saint-Forgeot (71, cf. notre photo d’ouverture), c’est avec ces quelques mots qu’Amaury Fremaux (président du groupe familial), évoque ce que sont à la fois les deux atouts intrinsèques de cette « belle endormie » qu’est l’enseigne leader des spécialistes literie (148 magasins) et les deux axes majeurs sur lesquels les nouveaux propriétaires de la marque comptent bien continuer d’investir ces prochaines années : l’industrie et la distribution. Pour quoi faire ? Non seulement pour redonner à Maison de la Literie la place qui lui revient dans le paysage hexagonal de la distribution literie, mais aussi pour offrir à la bannière spécialiste un statut qu’elle n’a finalement jamais vraiment occupé par le passé : celui d’un authentique “fabricant-distributeur”, chantre du “made in France” et acteur convaincu de la réindustrialisation du pays.
Si l’on en croit le PDG d’ailleurs, dès le lendemain de la reprise, le groupe Fremaux-Delorme a souhaité rééquilibrer les “deux jambes” en question, afin d’appliquer une philosophie à laquelle il doit une bonne part de son succès historique sur le créneau du linge de maison (lit et bain) : « Toujours réfléchir à la meilleure industrialisation du produit, afin d’en optimiser la valeur, en bénéficiant d’une connaissance pointue des attentes des clients… que nous rencontrons tous les jours dans nos magasins. »
Aujourd’hui, Maison de la Literie fabrique ses sommiers et têtes de lit tapissées dans son atelier de Confolens (16), en Nouvelle Aquitaine et l’ensemble de ses matelas ressorts dans l’usine de Saint-Forgeot (71), en Bourgogne-Franche-Comté. 85 % des composants sont d’origine française, tandis que 15 % d’entre eux, faute d’usines de production dans l’Hexagone, proviennent d’Europe, notamment pour le latex et les ressorts. Toutes les opérations de transformation, de confection des habillages et d’assemblage, sont assurées par des artisans et des prestataires locaux.
Les deux sites ont effectivement d’ores et déjà bénéficié d’une modernisation significative, via leur mise en conformité et le renouvellement d’une partie de leurs parcs machines. Maison de la Literie s’est notamment équipée des dernières technologies de pointe en matière de dessins placés (qui représentent plus de 90 % des volumes) et a fait l’acquisition d’appareils pour la découpe et pour la fabrication des bandes. Objectif : proposer rapidement une large gamme d’esthétiques, tout en optimisant la production.
Dans le même temps, les nouveaux dirigeants de l’entreprise mettent un point d’honneur à préserver le rôle central de ses « artisans créateurs ». Le montage des cadres et des lattes, ainsi que l’habillage des sommiers, sont ainsi effectués manuellement, nécessitant un vrai savoir-faire, une attention constante et un effort physique non négligeable. Maison de la Literie emploie actuellement 53 personnes à Saint-Forgeot et 17 à Confolens, avec des perspectives d’embauche pour certains intérimaires. À date, l’entreprise affiche une capacité annuelle de production de 44 000 matelas et de 17 000 pièces tapissées. Et si l’usine de Saint-Forgeot présente incontestablement un visage bien différent de celui qu’elle arborait au moment de la reprise, le groupe maintient le plan d’investissement massif qu’il avait annoncé alors, à savoir quelque 500 000 euros par an durant cinq années (sur ses deux sites)…
Outre leur volonté d’apporter des preuves tangibles que leurs déclarations au sortir du tribunal n’étaient pas des paroles en l’air, si les nouveaux maîtres des lieux ont décidé de faire visiter leur usine de Saint-Forgeot à la presse, c’est aussi parce qu’elle est vouée à devenir « le centre névralgique » de la vie du réseau sous enseigne Maison de la Literie. Côté industrie bien sûr, notamment en apportant aux magasins un tiers environ de leur assortiment (pas moins de 16 nouvelles références vont d’ailleurs intégrer la collection 2025) ; mais aussi concernant la “deuxième jambe” évoquée plus haut, à savoir celle de la distribution à proprement parler, assurée au quotidien par les franchisés de l’enseigne. C’est d’ailleurs ici, dans le showroom du site de Saint-Forgeot, que le groupe a, dès mars 2024, organisé le premier séminaire Maison de la Literie de l’ère Fremaux-Delorme.
« C’était la première fois que nous les réunissions depuis la reprise, se souvient Alban Fremaux (frère d’Amaury et directeur général du groupe). À cette occasion, nous leur avons exposé notre vision pour leur enseigne bien sûr, mais aussi les différentes composantes du nouveau concept magasin ». Sorte de “laboratoire-pilote” en effet, ce showroom, outre les nouvelles gammes, permet d’appréhender l’essentiel des tenants et aboutissants du nouveau concept, recentré sur le client et voué à se généraliser sur l’ensemble du territoire d’ici deux ans environ (et installé dans l’unité en propre de l’avenue du Maine, à Paris 14e). À la clé et en synthèse : nouvelle charte graphique, nouvelles couleurs (bleu profond, blanc crème, terra cotta…), nouvelles matières (bois, parquet, moquette…), nouveaux éclairages, nouvelles zones (entrée, offre literie, espace central dédié au linge de lit).
« Nous allons inviter les franchisés à Saint-Forgeot au moins une fois par an, poursuit Alban Fremaux. Quant à eux, ils pourront envoyer ici leurs équipes de vente, afin d’y suivre des formations ». Objectif : que chaque vendeur, grâce à une meilleure compréhension des processus de fabrication des produits et une connaissance pointue de ce qui en fait leur qualité, puisse élever sa capacité de conseil. Plus globalement, cette démarche, partie intégrante du statut revendiqué de fabricant-distributeur, entend renforcer la culture d’entreprise du leader et faire de chaque acteur, tout au long de la chaîne de valeur, un authentique « ambassadeur », expert et passionné de la marque Maison de la Literie… ; mais pas seulement.
En effet, comme l’avait annoncé ici même Guillaume Bages (directeur général délégué de Maison de la Literie), outre la marque propre “Onea” (ressorts ensachés PhysioSpring), le fabricant-distributeur veut puiser dans la richesse de l’histoire industrielle de la marque “Ducal Literie”, intimement liée, justement, au site de Saint-Forgeot. Cette « marque exceptionnelle » est en effet le fruit de l’héritage d’Albert Ducrot, inventeur en France « du canapé-lit, du lit cage et de bien d’autres meubles désormais au cœur de la maison ». Fort de l’essor de ses activités, Albert Ducrot avait racheté l’usine d’Autun (à quelques kilomètres de Saint-Forgeot) en 1935. Tant par ses brevets que ses licences dans le monde entier, il était devenu le spécialiste renommé de ce qui était une industrie nouvelle à son époque… Dans le prolongement de cette histoire unique, Maison de la Literie va donc augmenter progressivement les capacités de production de la marque Ducal Literie, afin d’en faire « l’un des piliers de l’enseigne », ainsi qu’un « puissant vecteur de trafic dans les magasins du réseau ». Ni plus, ni moins. Objectif pour l’entreprise : rester souveraine dans sa capacité de production ; et maîtriser la qualité de ses produits, au même titre que l’approvisionnement de son réseau de points de vente.
Sur ce dernier paramètre d’ailleurs, Maison de la Literie dit assurer actuellement un approvisionnement « efficace et hebdomadaire de ses magasins », grâce à « une logistique optimisée ». L’entreprise assume en effet cette gestion des flux jusqu’à la livraison finale de ses franchisés, avec des outils et du personnel exclusivement dédiés aux livraisons des magasins du réseau. À ce jour, une commande enregistrée avant le jeudi peut ainsi être livrée la semaine suivante.
Prochain rendez-vous d’importance pour la « belle endormie », désormais sur ses « deux jambes » et en marche vers l’expansion d’un vrai modèle de « fabricant-distributeur » porté par des investissements sur le long terme : le salon EspritMeuble, dont la 12e édition se déroulera du 16 au 19 novembre prochain, dans le pavillon 1 du parc des expositions de la porte de Versailles, à Paris ; à l’occasion duquel l’enseigne présentera notamment à ses partenaires les 16 nouvelles références évoquées plus haut.