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Un premier semestre en demi-teinte pour le commerce spécialisé

Un premier semestre en demi-teinte pour le commerce spécialisé

Les enseignes du commerce spécialisé, principalement non-alimentaires, ont été impactées par la baisse du “reste disponible” dans le budget des ménages, fortement touchés par les hausses des prix de l’alimentaire. Une situation qui, par ailleurs, a limité la capacité de ces mêmes enseignes non-alimentaires à augmenter leurs prix de vente aux consommateurs.

Le 5 juillet dernier, dans ses bureaux du 2e arrondissement de la capitale, Procos, “Fédération pour la promotion du commerce spécialisé”, a tenu sa conférence de presse semestrielle, afin de faire le point sur l’activité du commerce spécialisé et sur les principaux enjeux de ces prochains mois. Synthèse.

Bien entendu, en ouverture de ce premier bilan à mi-année, il a été rappelé combien les émeutes consécutives à la mort de Nahel Merzouk (commencées dans la nuit du 27 au 28 juin dernier) ont impacté un nombre très important de magasins, allant de “simples” dégradations à la destruction totale par incendie, en passant par le vol de tous les produits du point de vente. Plusieurs centaines de magasins voient leur activité fortement impactée, au moins pour un temps.

Ceci étant dit, le point sur l’activité révèle que le semestre se termine plutôt bien, puisque les chiffres des points de vente ont augmenté de 6,5 % en juin 2023 vs 2022 (80 enseignes interrogées sur leurs performances en France), après avoir baissé en mai. Juin est ainsi le troisième meilleur mois depuis le début de l’année, après janvier (+11,5 %) et février (+7,5 %). Un mois de juin marqué, toutefois, par des baisses du chiffre d’affaires des magasins du secteur “équipement de la maison” (à -5 % par rapport à juin 2023), ainsi que celui de la “culture/cadeaux/jouets” (à -1,8 %). Et Procos de rappeler que « la situation de baisse de consommation actuelle n’impacte pas uniquement le secteur de la mode ».

« Notons que les secteurs de l’habillement (+5 %) et de la chaussure (+15 %), pour les ventes magasins, ont terminé juin en positif, ajoute la fédération, malgré des soldes qui ont débuté une semaine plus tard qu’en 2022 et, surtout, avec un premier week-end de soldes fortement impacté par le vandalisme dans les points de vente avec, pour conséquence, des magasins fermés (centres commerciaux, centres-villes). La fréquentation des magasins a d’ailleurs fortement baissé en fin de mois, à -9 % lors de la quatrième semaine, date du début des soldes en 2022 (Observatoire Procos/Stackr de la fréquentation des magasins) ».

La fréquentation des magasins s’est dégradée de mois en mois par rapport à 2022.

Pour ce qui est du bilan semestriel du commerce spécialisé, Procos dresse les principaux enseignements suivants :

             Les ventes magasins du commerce spécialisé sont en légère hausse, de 3 % en valeur sur le semestre par rapport à 2022. Mais, cela signifie une baisse des volumes vendus de l’ordre de 0,5 % à 1 %.

             Les enseignes du commerce spécialisé, principalement non-alimentaires, ont été impactées par la baisse du “reste disponible” dans le budget des ménages, fortement touchés par les hausses des prix de l’alimentaire. Une situation qui, par ailleurs, a limité la capacité de ces mêmes enseignes non-alimentaires à augmenter leurs prix de vente aux consommateurs.

             En cumul sur le semestre, deux secteurs affichent des ventes magasins inférieures à celles de l’an passé sur la même période : l’équipement de la maison (-1,4 %) et la culture/cadeaux/jouets (-1,5 %).

             Si l’on cumule les ventes magasins et celles du web, l’habillement est également négatif par rapport à janvier/juin 2022, à -0,7 % en valeur, soit une baisse conséquente des volumes vendus, de 3,5 % à 4 %.

             Les autres secteurs terminent le semestre en croissance comparativement à 2022 : +11,5 % (total magasins et internet) pour la beauté/santé, qui est le secteur en plus forte dynamique ; suivi par la chaussure (+4,9 %), la bijouterie (+4,5 %), l’alimentaire spécialisé (+2,8 %) et la restauration (+3,5 %).

             Si l’on excepte l’équipement de la maison, pour tous les secteurs, la croissance de l’activité est tirée par les magasins, alors que le web est en retrait.

              Même pour les secteurs dont l’activité est positive par rapport à 2022, à l’exception de la beauté/santé, tous réalisent ces performances en grande partie grâce à des augmentations de prix de vente consommateurs, car dans le même temps, les ventes en volume connaissent des évolutions négatives.

             La fréquentation des magasins s’est dégradée de mois en mois par rapport à 2022. Dès le mois de mars, celle-ci est devenue inférieure à celle du même mois en 2022, pour aller jusqu’à -8,5 % en juin.

« Les perspectives d’activité pour la fin de l’année 2023, se risque toutefois Procos, permettent d’entrevoir un début d’amélioration, qui portera sans doute ses fruits en 2024, sauf événements exogènes ». En effet, selon la fédération, les tensions sur les prix devraient se réduire d’ici fin 2023, avec une inflation ramenée à 4,5 % environ (à la suite d’une moindre augmentation des prix alimentaires et de l’énergie). Les prix devraient certes demeurer élevés, mais moins croître. Par ailleurs les tensions sur les approvisionnements, sauf événement imprévu (Chine, Ukraine…), devraient être moindres et rendre les futurs stocks moins chers pour les enseignes…

« Reste toutefois une consommation qui connaît une baisse en 2023 et qui devrait demeurer en baisse sur toute l’année, avec des tensions sur le pouvoir d’achat qui, lui aussi, pour une partie des consommateurs, régresse, conclut Procos. Le moral des Français est au plus bas, ce qui s’avère défavorable à la consommation, notamment pour les achats importants tels que l’équipement de la maison, également impacté par les tensions sur le marché du logement. Les indicateurs économiques, un peu meilleurs, ne seront sans doute pas suffisants pour redonner le moral à des Français, qui jugent leur situation (pouvoir d’achat) bien pire qu’elle n’est en réalité. La baisse de la consommation pèse sur la croissance française, qui sera nulle en 2023. L’INSEE estime que cette baisse sera de -0,2 % en 2023, une première depuis 2012 ».

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