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Consommation responsable : un idéal malmené par l’inflation

Consommation responsable : un idéal malmené par l’inflation

Dans un contexte de “vague verte”, la communication doit se montrer extrêmement prudente… et sincère ! : 50 % de nos concitoyens estiment que les grandes entreprises n’ont en réalité rien changé quand elles font la promotion d’actions en vue de réduire l’impact environnemental et sociétal de leurs produits.

En 2021, la première vague de “l’Observatoire de la Consommation Responsable” réalisée par l’ObSoCo (Observatoire Société & Consommation) en partenariat avec CITEO*, avait identifié des Français marqués par la crise sanitaire et climatique, soucieux de l’impact de leur consommation et engagés à le limiter… « En 2023, constatent aujourd’hui les experts de l’ObSoCo, si les idéaux d’une consommation plus respectueuse de l’environnement sont toujours bien là pour une partie significative de la population, le jeu de la contrainte budgétaire se manifeste clairement pour tous, au risque de fragiliser certaines pratiques. Pour autant, l’inflation fonctionne aussi en levier pour d’autres pratiques qui, en se renforçant, redessinent les contours de la consommation responsable… Au total, loin des stéréotypes le plus souvent véhiculés sur le sujet, ce sont 40 % des Français qui, aujourd’hui, se disent activement engagés ». Notons ici que cet “Observatoire” se distingue d’autres études en ne posant pas de définition a priori de la “consommation responsable”, ceci pour laisser les Français interrogés exprimer librement ce que « consommer responsable » signifie pour eux. En 2023, comme en 2021, la notion recouvre donc des pratiques plurielles et hétérogènes qui, pour nos concitoyens, intègrent l’amont et l’aval de l’acte d’achat.

Le fait de privilégier les circuits courts, la production et la consommation locale, apparaît majoritairement dans les réponses, à 43 % (-4 points). Le tri, le recyclage, la réduction des déchets et éviter le gaspillage, remontent à 30 % des réponses (+7 points). Les achats de produits de saison, écologiques, bio, sont cités par 29 % des sondés (+5 points), très légèrement devant le fait de limiter sa consommation à des besoins vraiment essentiels (28 %, +3 points).

Les experts de l’ObSoCo affirment ici que « les planètes sont alignées pour la consommation responsable ». Il faut dire que les Français demeurent très majoritairement convaincus de la gravité de la situation environnementale, même si l’on observe une légère érosion (73 %, -4 points). Par ailleurs, la confiance dans la portée des actions individuelles reste élevée et la “pression sociale” à “mieux consommer” continue de s’exercer. « Quant à l’inflation, soulignent les experts, elle durcit les contraintes budgétaires et impose à une très grande majorité d’individus de repenser sa consommation ». Ainsi, 62 % disent être contraints de consommer moins. Toutefois, il convient de noter que cette “sobriété contrainte” coexiste avec une “sobriété choisie” (« j’ai décidé de consommer moins »), exprimée par… 65 % des français ! L’une et l’autre se renforcent donc… sauf pour 1 Français sur 10, qui s’inscrit soit exclusivement dans la contrainte, soit exclusivement dans le choix délibéré.

Dans le champ de l’alimentation, l’engagement des Français vers un régime moins carboné, observé en 2021, non seulement se confirme, mais encore semble-t-il s’accélérer ; une pratique sans doute renforcée par l’inflation. Dans le même temps, le désengagement du neuf et du jetable, ainsi que l’attention plus forte aux produits de seconde main, s’avèrent marqués. Toutes les pratiques du “faire soi-même” sont par ailleurs en plein essor ; de même que le recours aux “mobilités douces”, qui continue de s’affirmer au détriment de l’usage de la voiture.

Mais alors que les comportements dits “responsables” semblent évoluer positivement, les achats “responsables” apparaissent, eux, largement pénalisés par le climat socio-économique du moment. En effet, pour ce qui relève des achats du quotidien, l’attention au prix comme critère d’achat s’intensifie : +7 points pour le non alimentaire et +12 points pour l’alimentaire. Les critères de responsabilité, quant à eux, reculent, en particulier dans le domaine de l’alimentaire : “origine géographique et lieu de production”, -9 points ; “impact environnemental”, -6 points. Les baisses s’avèrent cependant moindres dans le non alimentaire, avec même une progression de 2 points pour le critère “durée de vie, durée de garantie”.

Si les Français font état d’une confiance élevée dans la capacité des actions individuelles à faire advenir un changement favorable pour l’environnement, ils semblent néanmoins rétifs à de nouvelles injonctions et pressions. À la question « Quels sont à votre avis les catégories d’acteurs auxquelles il incombe d’agir le plus activement en faveur de l’environnement », ils étaient 46 % à citer les consommateurs-citoyens en 2021 et ne sont plus que 36 % à le faire en 2023. Ils estiment en effet que c’est aussi aux autres acteurs d’agir, au premier rang desquels l’Etat (62 %) et les grandes entreprises (49 % ; +6 points). Dans un contexte de “vague verte”, la communication doit donc se montrer extrêmement prudente… et sincère ! : 50 % de nos concitoyens estiment que les grandes entreprises n’ont en réalité rien changé quand elles font la promotion d’actions en vue de réduire l’impact environnemental et sociétal de leurs produits.

« Entre idéaux et contraintes, poursuivent les auteurs de l’Observatoire, une autre clé du changement reste l’accessibilité. À tous les niveaux : des infrastructures, de l’offre, de l’information… » Interrogés sur les freins à la consommation responsable, 39 % des Français mentionnent ainsi l’insuffisance de l’offre de biens et services permettant de se comporter de manière responsable, juste derrière le coût associé à ces modes de vie (53 %). En outre, 87 % d’entre eux déclarent qu’il est prioritaire ou important que les entreprises innovent, pour mettre au point des produits plus écologiques.

Enfin, si pour 60 % des personnes interrogées, consommer de façon responsable s’avère difficile, les Français soulignent aussi leurs propres difficultés à changer leurs habitudes (36 %) et le fait que cela complique leur vie au quotidien (33 %). « Des freins réels, qui sont autant d’occasions de les accompagner et de les soutenir, conclue l’étude. A fortiori quand une bonne partie est désireuse de changer ! »

            * (Source : L’Observatoire de la Consommation Responsable Citeo x L’ObSoCo – Mai 2023). Citeo est une entreprise à mission, créée par les entreprises du secteur de la grande consommation et de la distribution pour réduire l’impact environnemental de leurs emballages et papiers, ceci en proposant des solutions de réduction, de réemploi, de tri et de recyclage.

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