En ce qui concerne le cumul des six premiers mois de l’année, l’ameublement domestique s’affiche en repli de 1,9 % à fin juin 2023 par rapport à 2022, annonce aussi l’IPEA, mais « le marché reste plus largement en avance par rapport à 2019 (+8,9 %), même si la progression demeure inférieure à la hausse des prix sur la période ».
Alors que le mois de septembre est déjà bien entamé, la dernière note de conjoncture publiée par l’IPEA (Institut de prospective et d’études de l’ameublement) est une petite douche froide. L’institut d’études spécialisé sur le marché du meuble et de la décoration, annonce en effet un fort recul d’activité à fin juin dernier, mois à l’issue duquel le marché du meuble domestique a vu son chiffre d’affaires reculer de 9 % par rapport à juin 2022.
« En plus d’un marché en berne en volume ces derniers mois et de ménages qui ne sont pas forcément enclins à dépenser pour leur logement, le décalage des soldes d’été (d’une semaine cette année), permet d’expliquer ce résultat, avance l’IPEA. Ainsi, en 2022, les soldes avaient démarré le mercredi 22 juin, alors qu’ils n’auront débuté que le mercredi 28 en 2023. De plus, lors de l’exercice précédent, le premier samedi des soldes était en juin, tandis que, pour l’exercice en cours, il était en juillet ».
Aucun segment ou circuit ne parvient véritablement à tirer son épingle du jeu sur ce mois de juin, même si quelques acteurs parviennent néanmoins à faire progresser leur chiffre d’affaires sur la période. Toutefois, souligne à raison l’institut, le marché parvient à conserver « une confortable avance » par rapport au mois de juin “pré-Covid” de 2019 (avec une hausse de 19,2 % en juin 2023 vs juin 2019), notamment sous l’impact du décalage de saisonnalité lié aux confinements des printemps 2020 et 2021.
En ce qui concerne le cumul des six premiers mois de l’année, le meuble domestique s’affiche en repli de 1,9 % à fin juin 2023 par rapport à 2022, poursuit l’IPEA, mais « le marché reste plus largement en avance par rapport à 2019 (+8,9 %), même si la progression demeure inférieure à la hausse des prix sur la période ».
« À l’inverse du mois de juin, pronostique enfin l’institut, le mois de juillet devrait profiter du décalage des soldes et voir son résultat progresser par rapport à l’exercice précédent, ce qui pourrait permettre de remonter légèrement le cumul par rapport à 2022, à moins que le ralentissement de la hausse des prix ne pèse fortement sur le marché et ne se traduise par un ralentissement des ventes en valeur en juillet ».
En observateurs avisés, les experts de l’IPEA rappellent par ailleurs que les acteurs de la filière vont devoir composer avec des ménages toujours plus prudents quant à leurs dépenses. Sur les six premiers mois de l’année en effet, le moral de ces mêmes ménages reste en berne, même s’il remonte légèrement sur les dernières semaines. L’inflation ralentit, certes, mais les prix continuent de progresser fortement : selon l’Insee, la hausse sur un an était de 5,7 % en mars 2023 et n’était plus “que” de 4,5 % en juin dernier. Or, dans ce contexte, nos concitoyens ne sont pas prêts à se lancer dans des dépenses onéreuses, ce qui, immanquablement, pèse sur l’activité de l’équipement du logement.
Quelles sont les perspectives pour la fin de cette année 2023 ?
Réponse de l’IPEA : « Après deux ans d’implication dans leur logement, le mobilier et l’aménagement de la maison font partie des premiers postes d’arbitrage des ménages. Les Français préfèrent conserver leur budget, afin d’épargner pour ceux qui le peuvent, ou tout simplement pour pouvoir répondre aux dépenses essentielles, comme l’alimentaire ou la santé. » Et de poursuivre : « L’immobilier ne sera pas un soutien pour le marché du meuble dans les mois qui viennent et le chiffre d’affaires du second semestre dépendra encore une fois fortement des hausses de prix mises en place par les enseignes. L’inflation a permis au chiffre d’affaires du marché de se maintenir sur le premier semestre. Mais sur le second semestre, si l’inflation ralentit en ce qui concerne le mobilier, plutôt qu’un retour des ménages à la consommation, elle devrait se traduire par un fort recul de chiffre d’affaires sur le marché. Les six derniers mois de l’année (à l’exception de juillet suite au décalage des soldes), pourraient donc enregistrer des scores inférieurs à ceux du premier semestre. »
Côté industrie, sur les cinq premiers mois de l’année cette fois, la production française de meubles enregistre un recul assez important de ses performances, avec un -4,3 % affiché sur la période. Par rapport à 2019, ce recul dépasse les 7 %. L’IPEA soulignant toutefois au passage que, « malgré des résultats peu flatteurs, les industriels français font mieux que certains de leurs voisins européens »…
Plus dans le détail, mais sans être pour autant totalement exhaustif concernant les différents segments du marché du meuble (l’indice Insee de la production industrielle n’isole pas suffisamment les différentes catégories de produits de la filière), l’institut révèle notamment que la production de literie « chute encore fortement sur les cinq premiers mois de l’année, alors que le segment enregistre pourtant parmi les meilleures performances sur le marché du meuble ». Et d’ajouter : « Avec un nouveau recul, de près de 5 %, qui s’ajoute à celui des cinq premiers mois de 2022, le segment voit son activité en valeur reculer de plus de 15 % par rapport aux cinq premiers mois de l’année 2019, alors que, dans le même temps, les prix à la production ont fortement augmenté. Le recul s’accentue, alors que l’exercice 2022 était déjà en retrait de 10 % par rapport à ce dernier exercice référence. Ce repli de la production n’est cependant pas compensé par une hausse des importations, qui se maintiennent sur les premiers mois de l’année. »
Enfin concernant la cuisine, l’IPEA annonce qu’en termes de consommation, elle « est le segment du meuble qui enregistre le plus fort recul en valeur sur le marché au premier semestre 2023. Cette contre-performance pèse sur la production, qui s’affiche en recul de 9 % par rapport à 2022 si l’on en croit les chiffres de l’Insee. Une fois n’est pas coutume, sur le début d’année, la cuisine est le segment de la production qui enregistre le plus fort recul. Ce segment est néanmoins le seul à conserver une avance substantielle sur ses performances de 2019 ; avance due, cependant, à la croissance des prix sur la période et non à une hausse des volumes produits ».