Selon l’ObSoCo, nous vivons une (r)évolution socio-démographique dont les conséquences sont multiples. Sur le budget des ménages, sur les comportements de consommation, sur le logement, sur les territoires… Mais aussi, de facto, sur une nécessaire évolution de l’offre “ameublement” !
Il y a quelques jours, l’ObSoCo (Observatoire Société & Consommation) livrait son “Coup d’œil hebdo” sur l’évolution de la composition des ménages français… Un mouvement sociétal qui est aussi un enjeu de taille, aux conséquences multiples, tant pour l’industrie du meuble que pour ses distributeurs. Synthèse.
La société d’études et de conseil en stratégie co-fondée par Philippe Moati et dirigée par Guénaëlle Gault, constate notamment que, depuis 1968, la taille moyenne des ménages français n’a cessé de diminuer. Les chiffres de l’INSEE révèlent ainsi que le ménage moyen a quasiment “perdu” un individu en un demi-siècle, passant de 3,1 occupants en moyenne par résidence principale (en 1968 donc) à 2,2 personnes par foyer en 2019. « Où est donc passée cette (quasi-)personne ? », interroge l’ObSoCo.
Plusieurs raisons à cette baisse structurelle de la taille moyenne des ménages : la réduction des ménages de grande taille – quatre personnes ou plus – (baisse de la natalité, vieillissement de la population) et l’augmentation concomitante des personnes vivant seules (mises en couple tardives et décohabitations). Ainsi, la proportion de foyers d’une ou deux personnes est passée de 50 % au mitan des années 70 à 70 % aujourd’hui. Et vivre seul(e) est aujourd’hui la situation la plus répandue en France : plus de 25 millions d’individus sont concernés.
Parallèlement, si aujourd’hui la France compte 8 millions de familles avec au moins un enfant mineur à la maison, désormais une famille sur quatre (25 %) est une famille monoparentale. Ce qui représente une proportion à présent supérieure aux familles nombreuses (21 %). « On notera aussi, souligne l’observatoire, que 82 % de ces familles sont des femmes habitant avec leur(s) enfant(s) ». Et d’ajouter : « Les conséquences sont multiples ; notamment sur le budget des ménages, sur les comportements de consommation, sur le logement et les territoires enfin. »
Côté budget des ménages, pour les foyers d’une personne, cela implique que de nombreuses dépenses doivent être assumées sans possible mutualisation/économie d’échelle. Ce sont notamment les dépenses “pré-engagées” (assurances, loyers, remboursements d’emprunts, etc.) qui, alors même que leur proportion continue d’augmenter, pèsent plus lourd que pour les autres ménages (et notamment les dépenses de logement). Ce faisant, de nouvelles fragilités apparaissent : 41 % des enfants mineurs vivant en famille monoparentale vivent au-dessous du seuil de pauvreté monétaire, pour 21 % de l’ensemble des enfants.
En termes de comportements de consommation, « les formats, qu’il s’agissent des circuits de distribution (hyper/supermarchés) ou des produits, doivent s’adapter, affirme l’observatoire. Les paniers sont en effet moins garnis, les portions plus petites et les gros “pleins” de courses hebdomadaires sont moins le fait de ces foyers de taille réduite… Dans nos études, on observe une progression des formats de proximité : à la fois au plus près géographiquement et adaptés sur le plan fonctionnel, mais développant aussi une offre/expérience plus personnalisée/individualisée. Malgré l’inflation et des prix plus élevés, en 2022 ces circuits de proximité sont les seuls à afficher une évolution positive de leur volume de ventes (en glissement annuel) ».
Enfin côté logements & territoire, « qui dit plus de ménages de taille réduite, dit davantage de logements et de logements adaptés (plus petits, avec des enjeux de mobilité, etc.) » et sans doute avec, en outre, la nécessité de « repenser leur distribution et l’aménagement des territoires ». Le “petit collectif urbain” (re)devient d’ailleurs de plus en plus attractif…
« Bref, conclut l’ObSoCo, une (r)évolution socio-démographique qui permet aussi de comprendre pourquoi l’on assiste à la lente mais inexorable érosion du fameux triptyque, issu des Trente Glorieuses : Pavillon/Voiture/Hypermarché ! » Une (r)évolution socio-démographique qui, sur les réseaux sociaux, a récemment inspiré cette remarque frappée au coin du bon sens de la part de Christophe Gazel, directeur général de l’IPEA (Institut de prospective et d’études de l’ameublement) : « Reste aux acteurs de l’ameublement à se mettre en phase avec ces évolutions, car la structure de l’offre, en fin de compte, ne change que très peu ! »
(Sources : INSEE / IRI / Le Coup d’œil hebdo de l’ObSoCo)