Vous lisez
Le marché du meuble parvient tout juste à maintenir ses ventes sur le 1er trimestre

Le marché du meuble parvient tout juste à maintenir ses ventes sur le 1er trimestre

Même s’il s’en tire mieux que d’autres marchés de la maison, l’ameublement domestique, qui peine à maintenir ses ventes sur le premier trimestre, devrait encore pâtir des arbitrages des ménages. Selon l’IPEA, pour les mois à venir, le marché du meuble pourrait toutefois s’appuyer sur les transactions immobilières dans l’ancien, sur l’engouement des Français pour leur logement et sur la propension de nos concitoyens à considérer leur intérieur comme une valeur refuge en période de crise.

La note de conjoncture éditée par l’IPEA (Institut de prospective et d’études de l’ameublement) pour le mois de mars dernier, peut se résumer en un mot : stabilité. « Peu de changement sur le marché du meuble en mars », constatent en effet les experts de l’institut dirigé par Christophe Gazel. « Encore une fois, poursuivent-il, la hausse des prix permet de compenser la chute des ventes en volume, ce qui conduit au maintien du chiffre d’affaires sur le mois (+0,1 % vs mars 2022). Par rapport au mois de mars 2019, dernière année référence, le marché recule de 2,7 % ».

Encore une fois également, tous les segments du marché du meuble domestique ne sont pas dans la même dynamique sur la période. Et l’IPEA de noter ainsi de « belles progressions » en ce qui concerne les canapés, fauteuils, banquettes, ainsi que pour le meuble meublant, qui continue de faire la course en tête. L’institut relève aussi de belles performances en matière de literie, à la fois sur mars et en cumul sur le premier trimestre. « Les autres segments du meuble sont pour leur part en recul sur le mois, poursuit l’institut, notamment en ce qui concerne la cuisine et le jardin, qui ferment la marche ». Et de poursuivre : « Sur le mois de mars, on notera à nouveau de belles performances de la part des enseignes de la grande distribution ameublement, mais aussi de la part de celles de l’ameublement milieu/haut de gamme, qui dominent les ventes sur le mois, alors que les pure players et les grandes surfaces de bricolage sont plus en difficulté. »

Même bilan sur le trimestre que sur le mois de mars : le marché parvient tout juste à maintenir ses ventes sur les trois premiers mois de l’année, avec une croissance de seulement 0,4 %. Par rapport à 2019, le résultat négatif de mars pèse sur le cumul en valeur, qui n’est plus que de +5,6 %. « Sur le trimestre, comme sur le mois, ajoute l’IPEA, ce sont les enseignes de la grande distribution ameublement qui enregistrent les meilleurs résultats et, dans leur sillage, le meuble meublant, qui affiche également les meilleures croissances du marché ».

Le mobilier domestique pourra-t-il, ces prochains mois, profiter des transactions immobilières dans l’ancien, qui restent à un niveau élevé ?

À l’occasion de la clôture de ce premier trimestre 2023, l’IPEA dresse plusieurs autres constats des plus édifiants. Morceaux choisis :

– « Malgré des résultats qui peinent à se maintenir, le marché du meuble s’en tire mieux que d’autres marchés de la maison, plus en difficulté sur le premier trimestre. C’est le cas notamment de l’électroménager, qui ne parvient pas à maintenir ses ventes sur les trois premiers mois de l’année et voit son activité en valeur reculer d’un peu plus de 4 % sur la période. Le rythme de recul des ventes s’accentue par rapport à l’exercice précédent, qui s’était clôturé sur une contraction de l’activité de 2,1 %. Les difficultés rencontrées par la cuisine intégrée depuis le début de l’année, pèsent notamment sur les ventes d’encastrable. »

– « Comme au cours de la deuxième moitié de l’année 2022, le moral des ménages est au plus bas sur les premiers mois de l’année. Les prix continuent à progresser, les ménages s’inquiètent pour leur pouvoir d’achat, alors que la réforme des retraites a entraîné bon nombre de contestations. »

– « Les prix à la consommation continuent de progresser sur ce début d’exercice, avec une croissance de 0,9 % en mars et de 5,7 % sur un an. À la même époque en 2022, l’Insee annonçait déjà une hausse annuelle des prix à la consommation de 4,5 %, ce qui se traduit par une augmentation globale des prix de plus de 10 % sur deux ans. »

– « Même s’il remonte légèrement en avril, le moral des ménages reste au plus bas sur les premiers mois de l’année. L’indicateur synthétique de confiance de l’Insee demeure donc 17 points en dessous de sa moyenne de longue période. La nouvelle réforme des retraites et les mouvements sociaux qui ont suivi, n’ont pas aidé les Français à retrouver le moral. Les ménages restent fortement pessimistes quant à leur niveau de vie futur, l’indicateur d’opinion sur ce poste se situant plus de trente points en dessous de sa moyenne. »

– « Le marché du meuble ne pourra pas s’appuyer sur l’immobilier neuf pour soutenir ses ventes dans les mois à venir. Selon les derniers résultats du ministère de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires, les permis de construire délivrés reculent de près de 27 % sur le trimestre, de décembre 2022 à février 2023 ; repli marqué, mais qui s’explique en partie par la forte hausse des permis de construire délivrés sur les derniers mois de l’année 2021 pour anticiper la nouvelle réglementation environnementale RT 2020, mise en place dès le début de l’année 2022. »

– Côté industrie, « après une année 2022 qui avait vu la production de meuble enregistrer un recul de son activité, le début de l’exercice 2023 démarre sur la même tendance, avec un nouveau recul d’activité sur tous les segments du meuble, à l’exception du mobilier professionnel. (…) À l’inverse du segment des meubles de bureau et de magasin, la literie enregistre un fort recul de son activité sur les deux premiers mois de l’année. Recul qui fait déjà suite à une forte baisse de l’activité sur les deux premiers mois de l’exercice 2022, mais aussi sur l’ensemble de cet exercice, qui s’était clôturé sur une baisse de 10 % par rapport à 2021. » « L’état de grâce se termine pour l’industrie de la cuisine sur les derniers mois, après presque deux ans en “sur-régime”. Selon les données de l’Insee, l’activité reculerait de 8,3 % par rapport au premier bimestre 2022. Le segment reste toutefois largement en avance sur les deux premiers mois de l’année 2019, avec une croissance de plus de 15 % par rapport à cette dernière année référence. » « Même constat que pour la literie et la cuisine en ce qui concerne les “autres meubles” ; le premier bimestre est marqué par un fort recul par rapport à l’exercice précédent, sans que l’on puisse déterminer si un produit progresse ou recule plus qu’un autre dans cette catégorie, qui pèse d’un poids certain dans l’industrie du meuble, mais pour laquelle l’Insee ne diffuse plus de détails. »

– « Les arbitrages des ménages devraient se poursuivre dans les mois qui viennent, car les prix devraient continuer à augmenter. L’Insee estimait ainsi, dans sa dernière note de conjoncture, que la hausse devrait être de 5,5 % sur un an à la fin du premier semestre et le pouvoir d’achat des ménages devrait continuer de se replier au cours de l’année 2023. L’équipement de la maison, qui peine à maintenir ses ventes sur le premier trimestre malgré les hausses de prix, comme le montrent les résultats en recul de l’électroménager et de l’électronique grand public sur la période, devrait encore être victime de ces arbitrages. »

© 2022 Meuble Info - Tous droits réservés