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Le “célicouple”, levier de croissance pour l’équipement du foyer ?

Le “célicouple”, levier de croissance pour l’équipement du foyer ?

On s’aime, mais chacun chez soi ! Cette nouvelle façon de vivre le couple, qui, selon L’ObSoCo, s’inscrit dans une remise en question des normes dans le champ amoureux, mais aussi dans nos manières d’habiter et, plus largement, de consommer, pourrait bien offrir aux acteurs du mobilier domestique l’opportunité de répondre aux besoins d’agencement non pas d’une entité, mais de deux.

Alors que la crise immobilière que nous traversons, doublée d’un contexte de consommation des ménages toujours compliqué, fait craindre le pire aux observateurs et acteurs de l’ameublement pour cette année 2024, une évolution sociétale, aux allures de petite révolution, pourrait bien, si ce n’est relancer les ventes de mobilier (gardons la tête froide), en tous cas apporter à la filière un levier de croissance à la fois inattendu et non négligeable, à condition, bien sûr, qu’on y réponde de façon raisonnée… et raisonnable. Son nom : le “célicouple”.

Quésaco ?

Contraction des mots “célibataire” et “couple”, ce néologisme de sociologues distingués désigne un type de relation amoureuse dans laquelle les partenaires choisissent de ne pas cohabiter, donc de ne pas partager leur foyer. Autrement dit : ils s’aiment, mais chacun chez eux ! Du coup, alors que cela fait des décennies qu’on estime (à juste titre), que l’acquisition d’un meuble (à l’occasion d’un premier achat immobilier, d’un déménagement, ou, plus simplement, d’une envie et/ou d’une nécessité de réaménager son intérieur), résulte – très – souvent d’une “négociation” entre les deux individus vivant sous un même toit et composant une entité “ménage” (au sein de laquelle, de longue date, l’on prête aux femmes le rôle de prescripteurs), cette nouvelle façon de vivre le couple, si elle venait à se confirmer, pourrait bien, comme évoqué plus haut, offrir aux acteurs du mobilier domestique (industriels et distributeurs), l’opportunité de répondre aux attentes d’agencement non pas d’une entité, mais de deux ; avec pour corolaire, cependant, de devoir sans doute proposer des solutions adaptées à des surfaces moyennes qui vont très probablement évoluer dans le sens d’une diminution des mètres carrés… Cela mérite qu’on s’attarde encore un peu sur ce fameux “célicouple”, non ?

C’est L’ObSoCo (“L’Observatoire Société et Consommation”) qui, récemment, est revenu sur ce phénomène, affirmant que ce terme s’inscrivait « dans une remise en question des normes dans le champ amoureux, mais aussi dans nos manières d’habiter et, plus largement, de consommer ». L’ObSoCo qui, par ailleurs, avait déjà souligné les évolutions démographiques majeures concernant la taille et la structure des ménages : l’INSEE projette ainsi une augmentation jusqu’à 6 millions de ménages supplémentaires d’ici 2050, la part des adultes vivant seuls ou en famille monoparentale ne cessant d’augmenter. Mais l’INED (Institut national d’études démographiques) est venu compléter le tableau, en mettant en évidence qu’un quart de ces personnes vivant seules déclare être par ailleurs dans une relation amoureuse sérieuse et stable.

Un quart des personnes vivant seules déclarent être par ailleurs dans une relation amoureuse sérieuse et stable. (© Freepik.)

« Ces réalités statistiques découlent aussi d’aspirations renouvelées, analyse L’Observatoire : dans une de nos enquêtes, 1 Français sur 5 se dit d’accord avec l’affirmation selon laquelle “pour vivre heureux lorsqu’on est en couple, il est préférable de vivre dans des logements séparés” (soit 9,2 millions de personnes). Et parmi les personnes séparées ou divorcées – qui ont donc souvent déjà vécu en couple sous un même toit – cette proportion monte même à 41 % et 43 % ».

Et les experts de la société d’études et de conseil en stratégie de poursuivre : « Cette remise en question du modèle normatif de “vie à deux sous un même toit” s’inscrit dans une nouvelle manière d’envisager les relations amoureuses, comme l’explique la sociologue Eva Illouz. Autrefois hautement codifiées socialement, celles-ci sont désormais envisagées comme la rencontre entre deux individus singuliers, choisissant librement d’entrer en relation. Si l’auteure insiste bien sur l’ambiguïté de cette manière contemporaine d’aimer (à la fois synonyme d’émancipation et d’incertitude douloureuse), elle réaffirme aussi l’importance de l’amour comme facteur de reconnaissance. Et ce, notamment, quand les autres instances chargées d’assurer la reconnaissance des individus (politiques, économiques…) peinent de plus en plus à y parvenir. »

« Tantôt espace de domination et, par extension, de combat politique, tantôt espace de reconnaissance, de réalisation et d’expression de soi, les relations affectives et amoureuses se retrouvent au cœur des mutations de nos sociétés numériques et individualisées, ajoute L’ObSoCo. Posant de nouveaux possibles et opportunités, mais aussi de nouvelles vulnérabilités et inégalités et donc, de nouveaux enjeux dont l’ensemble des institutions, publiques comme privées, peuvent/doivent s’emparer ». Face à ces mutations, le même ObSoCo a d’ailleurs décidé de lancer un “Observatoire des relations affectives et amoureuses”. Objectif annoncé : « objectiver et approfondir ces questions, si importantes sur le plan intime et politique » et « étudier les aspirations et les usages émergents en la matière, qui ont autant de conséquences sur la santé que sur les façons de consommer, de s’épanouir… et d’habiter » ; tiens, tiens !

            (Source : “Le coup d’œil hebdo de L’ObSoCo”, janvier 2024.)

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