Si l’on en croit le collectif Parlons Literie, alors qu’un tiers des achats de literie (31 %) était lié à un déménagement au cours des trois dernières années, les fortes tensions du marché de l’immobilier n’ont pas entamé le maintien des ventes de cette famille de produits sur le premier trimestre 2024. Hélas, le mois d’avril semble annoncer la fin d’une forme de “traitement d’exception” pour la literie, au sein d’un marché du meuble désormais en baisse de 9 %.
Au début de ce mois de juin, le collectif Parlons Literie a diffusé un communiqué destiné à décrypter les tendances du marché de la literie au cours des premiers mois de l’année. S’appuyant pour ce faire sur les chiffres de l’Institut de prospective et d’études de l’ameublement (IPEA), l’association y souligne notamment qu’au « premier trimestre 2024, les ventes de literie continuent de marquer la meilleure performance du marché du meuble à destination des ménages, avec une très légère baisse, de 0,5 % (en valeur), par rapport au premier trimestre 2023, alors même que l’ensemble du marché du meuble accuse une baisse de 5,8 % (en valeur) ».
« Ce repli du marché semble s’accélérer, poursuit cependant le collectif, puisqu’en mars, la dégradation des ventes se faisait plus forte et qu’avril semble sur la même tendance. Dans ce contexte, les spécialistes literie tirent mieux leur épingle du jeu ». Et de conclure : « Cette “bonne performance” s’explique notamment par la poursuite des ouvertures de magasins (la conjoncture reste tendue à surface constante). »
Ne boudons pas notre plaisir. Mais force est aussi de constater que les chiffres publiés plus récemment par le même IPEA, concernant les performances du marché du meuble sur le mois d’avril, viennent de confirmer l’accélération du repli évoqué à l’instant, puisque l’institut donne un marché global du meuble à -9 % sur ce quatrième mois de l’année versus avril 2023 ; et précise, concernant plus spécifiquement le marché de la literie dont nous parlons ici, que celui-ci enregistre certes le plus faible recul sur avril, « mais dans des proportions proches de celles du marché cette fois-ci ».
Côté industrie, le communiqué cité plus haut, analysant cette fois des données d’Eurostat (office de statistique de l’Union européenne), souligne que la France (au cinquième rang des producteurs européens de literie derrière l’Allemagne, le Royaume-Uni, la Pologne et l’Italie), « fait face à la concurrence de l’Allemagne et de celle, de plus en plus vive, de la Pologne ». Et de préciser : « Après une baisse d’activité de 10 % de la production française en 2022, puis son quasi-maintien en 2023, les deux premiers mois de l’année dessinent une reprise de la production hexagonale de literie, à +8 % (en valeur-Insee), alors même que l’on constate un repli de 5 % des importations en 2023 (en valeur). »
Autre tendance soulignée par le collectif et pas des moindres : la literie résiste à la baisse du marché immobilier. En effet, si l’on en croit les chiffres du SDES (“Service des données et études statistiques” des ministères en charge du logement) et les données “Sit@del2” (formulaires de permis de construire traités par les centres instructeurs), les Français changent leur literie… sans forcément déménager. « La baisse de 20 % des mises en chantier de logements neufs au premier trimestre et le retour des transactions au rythme des années 2000, observe ainsi Parlons Literie, touchent directement les meubles pour ranger ou la cuisine, mais beaucoup moins la literie. Alors qu’un tiers des achats de literie (31 %) était lié à un déménagement au cours des trois dernières années, les fortes tensions du marché de l’immobilier n’entament pas le maintien des ventes de literie au premier trimestre ».
Pour finir, le collectif profite de cette communication pour souligner que si les marques multiplient leurs engagements RSE (“Responsabilité sociétale des entreprises”, ndlr), la dernière étude de l’IPEA, consacrée aux critères d’achat de meubles pour les Français (mai 2024) montre que le chemin sera encore long, puisque l’ensemble des critères RSE n’atteint que 6 %, largement dominé par le prix (56 %) et l’aspect du produit (38 %).