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Maison de la Literie en redressement judiciaire : ce qu’il faut savoir

Maison de la Literie en redressement judiciaire : ce qu’il faut savoir

Le 13 juillet dernier, à la demande du groupe Veldeman, leur actionnaire européen, les sociétés du groupe IFP (“lnternationale de Franchise et de Participations”, branche distribution de Maison de la Literie), ont été placées en redressement judiciaire par le tribunal de commerce de Chalon-sur-Saône (71). Tenants et aboutissants d’un séisme qui devra connaître un dénouement, quel qu’il soit, sous 18 mois maximum.

Ce fut l’officialisation d’un bruit de couloir aux allures de secret de Polichinelle, a fortiori depuis que la presse grand public s’était fait l’écho, le 12 juillet, du placement en redressement judiciaire de l’entreprise “Maison de la Literie Industries” (la branche industrielle du groupe Veldeman en France) par le tribunal de commerce de Chalon-sur-Saône (71), intervenu dès le 6 juillet…

Le 14 juillet, en fin de journée, par le biais d’un communiqué de presse, le groupe IFP (“lnternationale de Franchise et de Participations”, branche distribution de Maison de la Literie, en charge des enseignes Maison de la Literie, Univers du Sommeil, Tousalon, Mobeco et Place de la Literie), informait la presse d’une « ouverture d’une procédure de redressement judiciaire au bénéfice de ses sociétés » par le même tribunal de commerce de Chalon-sur-Saône, ceci « à la demande de leur actionnaire européen, le groupe Veldeman » et à compter du 13 juillet 2023.

« Après la mise sous protection, le 6 juillet dernier, des entités de sa branche industrielle (Maison de la Literie Industries) par le même tribunal, explique le communiqué en question, le groupe Veldeman recourt à cette procédure pour protéger de manière coordonnée les intérêts de ses enseignes françaises et pour permettre à l’ensemble de ses entités de poursuivre activement leur restructuration, entreprise depuis début 2023 ». Et d’ajouter : « Cette nouvelle phase permettra de préserver les marques, l’activité et les emplois. »

« Dans un contexte de renouveau temporairement difficile, ces mesures protectives vont permettre à notre groupe européen de poursuivre son activité dans un contexte plus serein, fait par ailleurs savoir Philip Daenen, président du groupe Veldeman – Maison de la Literie. Elles vont également permettre à des investisseurs, porteurs d’un solide projet d’adossement, de se manifester. La notoriété de nos marques, le savoir-faire et la qualité de notre production autunoise et confolentaise (les sites industriels du groupe, ndlr), l’expertise de nos franchisés, le soutien de nos partenaires et le professionnalisme de nos collaborateurs, vont permettre aux meilleurs candidats de se positionner pour la continuation d’une enseigne “fabricant-distributeur” unique dans le secteur de la literie ». « Nous tenons à souligner que nos activités opérationnelles vont se poursuivre dans de meilleures conditions, a en outre souligné Lydie Kobiela, directrice marketing & communication du groupe. Nous restons pleinement engagés envers nos franchisés, nos clients, nos partenaires et nos employés ».

Philip Daenen, président du groupe Veldeman – Maison de la Literie.

Pour mémoire, la procédure de redressement judiciaire est une mesure de protection légale des entreprises et de traitement de leurs difficultés, dont le principal effet est de geler le passif existant à l’ouverture de la procédure. En instaurant un gel et une discipline dans le traitement des créanciers, cette procédure permet à l’entreprise concernée, pendant une période d’observation qui peut durer jusqu’à 18 mois, de réorganiser ses activités en vue de présenter un plan de continuation par le réaménagement de son endettement ou par la voie de sa cession.

Enfin faut-il savoir que le groupe IFP rassemble à ce jour 7 enseignes et 301 magasins (dont 35 succursales) : Maison de la Literie, Maison de la Literie Prestige, Univers du Sommeil, Univers du Sommeil Premium, Place de la Literie, Mobeco et Tousalon. Outre les emplois indirects de ses franchisés, il emploie aujourd’hui 140 salariés.

Toujours dans le communiqué de presse diffusé le 14 juillet dernier, le groupe Veldeman, entreprise familiale belge fondée en 1954 par Valère Veldeman et dont le premier marché est la France, a également tenu à livrer sa version des faits ayant mené à la situation actuelle. « En 2012, rappelle-t-il ainsi, le groupe Veldeman acquiert 50 % du capital du groupe IFP, donnant naissance, grâce à cette intégration capitalistique, à un partenariat industriel et commercial unique pour les enseignes du groupe, qui disposent depuis lors de leur propre source exclusive d’approvisionnement des ateliers de l’usine d’Autun, en Saône-et-Loire et de ceux de Confolens, en Charente. En 2015, le groupe Veldeman devient actionnaire majoritaire pour assurer la continuité de la branche distribution, impactée par des dettes financières. En 2020, la nécessité d’une recapitalisation se pose, afin de rétablir le déséquilibre financier comblé par le groupe Veldeman, la famille Elmalek devant renflouer et chercher un investisseur externe. Aucune solution n’ayant été apportée par la famille Elmalek à la date butoir de fin 2022, le groupe Veldeman a alors dû prendre la décision, fin 2022/début 2023, de reprendre le contrôle total du groupe et de rechercher un nouvel investisseur capable d’assurer sa continuité tant en France qu’en Belgique, fragilisée par ricochet ».

« La prise de contrôle du groupe IFP a été l’occasion de remanier l’équipe dirigeante et de passer au crible les comptes de la vingtaine d’entités composant la branche distribution, souligne-t-il enfin, ce qui a permis de mettre à jour diverses irrégularités à l’origine des pertes subies. Plusieurs plaintes pénales pour abus de biens sociaux, abus de confiance, escroquerie, vol et recel, ont été déposées contre l’ancienne direction, auprès des parquets des tribunaux judiciaires de Paris et de Nanterre ». « Dans l’immédiat, conclut-il, le bénéfice du redressement judiciaire va permettre aux entités commerciales et industrielles de poursuivre de concert dans de meilleures conditions leurs activités opérationnelles, tout en recherchant, dans ce cadre légal, une solution d’adossement ».

Illustration d’ouverture : le siège social du groupe IFP, à Suresnes (92 – © Google Maps/Street View)

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