
Si les industriels de la literie sont les seuls à se démarquer sur ce début d’année (premier bimestre), côté distribution, la meilleure performance du mois de mars dernier (par rapport à février) est à mettre au crédit des spécialistes cuisine, dont certains ont enregistré de très belles performances. L’Ipea voit d’ailleurs dans cette croissance (qualifiée “d’assez inattendue”) un élément plutôt encourageant pour le marché du meuble en général.
Au sortir de la compilation des chiffres du mois de mars dernier, l’IPEA (Institut de prospective et d’études de l’ameublement) a publié sa première note trimestrielle de l’exercice 2025 en cours. Synthèse. Et morceaux choisis.
Les ventes de mobilier reculent faiblement au mois de mars (-1,4 % versus mars 2024), « ce qui constitue un résultat presque rassurant après le fort recul de performances du mois de février », avance l’institut. « Un résultat en croissance était toutefois espéré, regrette-t-il, compte tenu de la forte chute de l’exercice précédent ».
Comme au mois de janvier, la meilleure performance du mois de mars (par rapport à février) est à mettre au crédit des spécialistes cuisine, dont certains enregistrent de très belles performances au cours de ce troisième mois de l’année. Le circuit progresse fortement en valeur sur le mois. Progression également en ce qui concerne les spécialistes literie en mars.
Pour le reste de la distribution, les résultats sont plutôt à la baisse, mais avec souvent des performances hétérogènes des enseignes au sein d’un même circuit. Par ailleurs, comme depuis le début de l’année, on notera sur ce mois de mars les difficultés de la grande distribution ameublement avec, à la clé, des résultats qui ont tendance à reculer plus rapidement que ceux du marché.
Côté produits, seule la cuisine se distingue suite à la bonne performance des cuisinistes. Tandis que le meuble meublant ferme la marche et enregistre le plus fort recul.
Sur trois mois, à fin mars 2025 versus fin mars 2024, le recul moindre de l’activité évoqué plus haut sur le troisième mois de l’année permet au cumul marché de se redresser par rapport au résultat observé à la fin du premier bimestre, pour afficher une performance à -3,8 % sur le trimestre. « Ce repli fait toutefois suite à un recul de près de 6 % en 2024, nuance l’IPEA, soit une perte d’activité sur le premier trimestre de presque 10 % entre 2023 et 2025 ». Et d’ajouter : « Les forts reculs des mois d’avril et de mai en 2024, avec des performances respectives de -9 % et -6,9 %, pourraient limiter le recul des deux prochains mois et avoir un effet positif sur les performances cumulées, dans l’attente des soldes en juin. »
La note trimestrielle de l’IPEA livre également un état des lieux de l’industrie du meuble sur le premier bimestre. Or, résume l’institut, « encore une fois les chiffres diffusés par l’Insee pour le premier bimestre de l’année (dernières données disponibles au moment de la rédaction de cette note) montrent une production française de mobilier à nouveau en fort recul ». Sur cette période, l’activité de l’industrie du meuble reculerait de 7,1 % selon les chiffres de l’Institut national de la statistique, dans la lignée des exercices précédents (l’année 2023 affichait un résultat à -7,7 % et 2024 à -8,2 %). Bonne élève si l’on en croit les chiffres de l’Insee, la literie est la seule à progresser.

Plus dans le détail, l’industrie française du meuble de bureau et de magasin avait fini l’année 2024 sur un fort recul de son activité, avec un -8,5 % affiché en fin d’exercice, qui faisait déjà suite à un recul de 5 % en 2023. La chute se poursuit en 2025, même si elle ralentit sur ce début d’année, avec une performance encore à -2,9 % sur le premier bimestre de ce nouvel exercice.
Comme en 2024, les industriels de la literie sont les seuls à se démarquer sur ce début d’année, avec une progression d’un peu plus de 3 %, alors que, sur l’exercice 2024, le segment a enregistré une croissance de 6 % selon les dernières données mises à jour par l’Insee ; résultat annuel dans lequel certains industriels de la literie ne se retrouvent toutefois pas… « Les industriels du segment peuvent s’appuyer sur une consommation de matelas et sommiers qui résiste mieux que le reste des autres segments du meuble sur les derniers mois, analyse l’Ipea, même si la consommation des ménages était également en recul en 2024 ».
Côté cuisine, les chiffres de l’Insee montrent à nouveau un fort recul de l’activité des industriels français de ce segment sur le premier bimestre, qui atteint les 15 %, tout comme au premier bimestre de l’exercice précédent. En 2024, le segment avait terminé l’année sur une contraction de son activité de presque 17 % selon l’Insee. Côté consommation, rappelons que le segment de la cuisine apparaît comme l’un de ceux qui se montrent le plus en difficulté sur le marché du meuble au cours des deux derniers exercices ; et même si les importations affichent des résultats en recul, cela ne profite pas à l’industrie française, du fait d’un fort recul des investissements des consommateurs sur leurs installations ou renouvellements de cuisines. Cela dit, espère l’Ipea, « les bons résultats du premier trimestre » en termes de consommation, devraient « avoir un impact positif sur la production des prochains mois ».
Enfin le recul d’activité s’accélère en ce qui concerne le segment que l’Insee appelle “autres produits meubles” (rembourré, salle de bains et meublant, entre autres). Avec un -11,1 % affiché sur les deux premiers mois de l’année, il reste en effet dans la tendance de ses performances des deux exercices précédents, avec un repli d’activité de déjà 12,9 % sur l’année 2023 et de 8,2 % en 2024.
Quelles perspectives pour les mois à venir ?
« Malgré une inflation à des niveaux bas et un pouvoir d’achat qui aura fortement progressé en 2024, le moral des ménages reste au plus bas, répond l’Institut de prospective et d’études de l’ameublement. L’instabilité politique, en France comme à l’international, pousse les ménages à rester sur la défensive et l’épargne demeure la priorité par rapport à la consommation. Les dépenses importantes ne sont pas à l’ordre du jour, ce qui ne paraît pas favorable au meuble et à l’équipement de la maison dans les mois à venir, d’autant plus que la situation sur le marché de l’immobilier neuf comme ancien n’est pas au beau fixe ». Les transactions dans l’immobilier ancien restent autour des 800 000 unités en rythme annuel selon les dernières données des notaires de France, alors que les mises en chantier demeurent pour leur part sous les 300 000 unités…
Quelques éléments positifs toutefois : même si elles restent encore loin de leur niveau pré-Covid, les transactions dans l’immobilier ancien repartent légèrement à la hausse en rythme annuel. Même constat en ce qui concerne les mises en chantier de logements neufs : si le niveau des logements commencés reste bas, les performances des derniers mois montrent une légère reprise, avec des résultats en croissance.
« On soulignera également les bons résultats des spécialistes cuisine sur ce début d’année, dans un contexte pas forcément plus favorable à la cuisine qu’il ne l’était au cours de l’exercice précédent, conclut très justement l’Ipea. Cette croissance, assez inattendue, illustre l’intérêt des ménages toujours vif en ce qui concerne l’aménagement de la maison et plus précisément leur mobilier. Après plusieurs mois de report d’achat, certains consommateurs semblent s’être décidés à franchir le pas de l’achat de cuisine, au moins chez les spécialistes, ce qui constitue un élément plutôt encourageant pour le marché du meuble. La “reprise” des ventes de certains, montre que l’effort de communication paie et que c’est certainement “l’arme clé” pour retrouver des consommateurs dans les points de vente ou sur les sites ».