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Les revendeurs vont-ils devoir se réinventer pour renouer avec la croissance ?

Les revendeurs vont-ils devoir se réinventer pour renouer avec la croissance ?

En attendant de se “réinventer” et dans l’urgence, les distributeurs continuent majoritairement de miser avec constance sur le renouvellement de l’offre. Il s’agit là de l’un des nombreux enseignements du dernier baromètre Maison&Objet “de l’industrie internationale de la décoration, du design et de l’art de vivre”… Qui révèle aussi que le concept d’intelligence artificielle est d’ores et déjà adopté par 34 % des entreprises et personnes interrogées avec, en tête, le logiciel ChatGPT (89 %).

Tous les six mois, Maison&Objet (la prochaine session du salon aura lieu du 5 au 9 septembre prochain au parc des expositions de Paris-Nord Villepinte – 93), dévoile les résultats de son baromètre économique et dresse un état des lieux du secteur « de la décoration, du design et de l’art de vivre ». En avril dernier, 1 090 distributeurs, prescripteurs et marques y ont contribué. Leurs témoignages se résument en trois mots : résilience, réinvention et optimisme. Par ailleurs, la huitième édition de ce baromètre dédie une partie de son analyse à la perception, par les professionnels, de l’intelligence artificielle, enjeu auquel ils sont confrontés. Synthèse.

Un tiers des professionnels ayant répondu à l’étude se félicite d’une hausse de leur chiffre d’affaires au cours des six derniers mois par rapport à la même période l’année précédente, tandis que 36 % déclarent que leur résultat s’est maintenu. Et si 39 % annoncent une baisse de leur chiffre d’affaires, cette tendance est à nuancer selon le type d’activité. Ainsi, avec 43 % d’entre eux signalant une baisse de leur chiffre d’affaires, ce sont surtout les revendeurs qui affichent et témoignent de difficultés accrues. Parmi les maux cités : la concurrence des plates-formes, les incessantes promotions en ligne, la hausse des loyers et charges et… certains comportements des clients (notamment celui consistant à faire du repérage en magasin, pour finalement commander sur internet). La baisse des ventes, constatée parmi les distributeurs d’octobre 2023 à mars 2024, vient alimenter leur réflexion sur l’évolution de ces canaux de ventes… En attendant de se “réinventer” et dans l’urgence, les mêmes distributeurs, en vue de maintenir une certaine attractivité, continuent majoritairement de miser avec constance sur le renouvellement de l’offre, avec « cinq nouvelles marques en moyenne référencées sur les six derniers mois ».

Une des pistes d’évolution est peut-être à chercher du côté de la diversification de l’offre. « Si l’on entre dans le détail des catégories de produits, constate en effet le baromètre, les propositions liées à l’univers du cadeau, aux achats d’impulsion, à la convivialité… montrent des dynamiques ». Ainsi, si le mobilier ralentit (avec 57 % des revendeurs constatant une baisse des ventes en volume d’octobre 2023 à mars 2024), les produits de cuisine et d’épicerie se maintiennent ; mieux : ils ont connu des quantités vendues en augmentation pour 27 % des professionnels qui en distribuent. Les ventes en volume d’objets connectés « dévissent » selon 50 % des distributeurs concernés, mais celles des objets cadeaux sont en hausse pour 24 % des revendeurs et les fragrances & senteurs entretiennent la flamme, avec une hausse pour 28 % d’entre eux.

(© Freepik.)

Côté prescripteurs, tandis que, lors des précédents baromètres, architectes et décorateurs déploraient notamment un allongement des délais avant de signer un chantier, ou encore des interventions limitées à une ou quelques pièces, une certaine résilience, une volonté de se démarquer, une nécessité de se renouveler, intrinsèquement liées à leur métier, sont aujourd’hui mises en avant au travers de leurs témoignages. « Avec six chantiers en moyenne signés d’octobre 2023 à mars 2024, l’activité des prescripteurs démontre une stabilité par rapport aux déclarations des derniers baromètres », nous dit-on.

Une tendance qui mérite toutefois d’être nuancée selon les types de projets, la taille des agences, ou encore… la géographie. Ainsi, 65 % de l’ensemble des déclarants annoncent, sur les six derniers mois, le maintien, voire l’augmentation, du nombre de leurs chantiers résidentiels, terrain de jeu de plus des deux tiers des prescripteurs de la communauté Maison&Objet. Mais si l’on regarde de plus près, parmi les 36 % qui affichent une baisse, ce sont surtout les acteurs français qui sont à la peine : 43 % d’entre eux, contre 22 % pour le reste du monde. Dans le cas particulier de la France, des raisons conjoncturelles sont mises en avant par les observateurs pour expliquer ce recul notable : pénurie de biens locatifs, baisse des transactions immobilières dans le résidentiel comme dans le commercial… La baisse des taux d’emprunt sous la barre des 4 % laisse toutefois augurer d’un contexte plus favorable en 2024, selon le journal Les Echos qui, en avril dernier relatait un bond de 51,8 % de la production de crédits au premier trimestre et de 46,2 % des prêts accordés. Côté aménagement de boutiques, de bureaux, d’hôtels et de restaurants, les grosses structures tirent mieux leur épingle du jeu que les petites agences et les indépendants. Avec une augmentation de 41 % de leurs projets dans les espaces de travail et de 50 % des aménagements d’espaces de ventes (contre respectivement 26 % et 23 % pour la totalité des déclarants), les entreprises de plus de dix employés se démarquent par leur dynamisme.

89 % des marques qui ont répondu à l’enquête affirment qu’elles vont proposer des nouveautés dans les six prochains mois. « Des projections qui se concrétiseront donc sur le salon, avec des offres renouvelées et étoffées », soulignent les auteurs du baromètre. Les assertions sur les stocks confirment que éditeurs et fabricants vont assurer leur “part du marché”, avec des stocks jugés « normaux » pour 54 % des professionnels ayant répondu et « élevés » pour 29 %. Des chiffres relativement stables comparés aux précédents baromètres. Les inquiétudes qui se font jour concernent les canaux de distribution. Une inquiétude que vient toutefois tempérer la constance affichée par les revendeurs dans le référencement de nouvelles marques (mise en évidence au fil des baromètres) et par les bonnes perspectives de commandes. 

(© Freepik.)

Et les auteurs de conclure : « Le nombre conséquent de nouveautés auquel on peut s’attendre sur le prochain salon Maison&Objet Paris n’est pas le seul signe positif que révèle ce nouveau baromètre. Les perspectives de maintien ou de hausse du chiffre d’affaires d’avril à septembre 2024 concernent huit répondants sur dix, toutes activités confondues. Récemment, l’IPEA (Institut de prospective et d’études de l’ameublement) se montrait optimiste quant au comportement futur des consommateurs acquis, depuis la crise du COVID, à la nécessité d’améliorer leur habitat : “L’orientation des arbitrages des ménages reste en faveur de l’aménagement de la maison.” ».

Chaque baromètre dédie une partie de son analyse à la perception par les professionnels d’un nouvel enjeu ou d’un défi auquel le secteur est confronté. Pour cette édition, le focus en question portait sur l’intelligence artificielle (IA). Or il s’avère que le sujet est clairement dans l’air du temps, avec 68 % des répondants affirmant que le concept même d’IA est clair pour eux. Il est d’ailleurs déjà adopté dans leurs activités par 34 % des entreprises et personnes interrogées sur ce sujet avec, en tête, le logiciel ChatGPT (89 %).

Si 84 % des acteurs ayant répondu à l’enquête identifient l’IA comme un outil de travail incontournable à l’avenir, les réponses révèlent des interrogations (notamment en matière de menaces sur la propriété intellectuelle et la possible déshumanisation des tâches), mais aussi une curiosité très pragmatique sur ses réels avantages.

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