
La literie fait face à une vague croissante de produits importés, vendus artificiellement à bas prix et souvent non conformes. “Parlons Literie”, le collectif porte-voix de la filière française, s’associe à l’appel de l’Ameublement français du 24 avril dernier pour, face à ce phénomène préoccupant, alerter consommateurs et pouvoirs publics et “faire cesser le laisser-faire”. Coup de gueule.
À quelques semaines de ses 6e “Rencontres” (qui se tiendront à Paris le 26 juin prochain), le collectif “Parlons Literie” alerte sur les pratiques trompeuses de ce qu’il appelle la « fast-literie », s’inspirant en cela de l’expression désormais bien connue de “fast fashion”, hélas très en vogue dans le prêt-à-porter et désignant, faut-il le rappeler, une mouvance de marques qui produisent des vêtements très vite, très souvent, très peu chers… sans trop se préoccuper des conséquences sociales, environnementales et concurrentielles de ce modèle économique aujourd’hui largement décrié. « Vite produite, vite vendue, au détriment d’une filière française qui défend le bien dormir » : ainsi l’association définit-elle aujourd’hui la “fast-literie”.
« Les importations de matelas en provenance de Chine ont doublé en valeur depuis 2019, à destination de la France (source : l’Ameublement français d’après Eurostat), constate le collectif dans un communiqué “coup de gueule”. La literie fait face à une vague croissante de produits importés, vendus artificiellement à bas prix et souvent non conformes. Parlons Literie, le collectif porte-voix de la filière française, s’associe à l’appel de l’Ameublement français pour alerter consommateurs et pouvoirs publics, et faire cesser le laisser-faire ». Et de préciser : « En France, beaucoup d’acteurs étrangers de la literie utilisent les plates-formes de vente en ligne (Cdiscount, Mano Mano, Amazon, Shein, Temu, etc.) pour commercialiser leurs produits ; un espace ouvert où il est facile d’échapper aux contrôles. »
« Le 2 avril 2025, énumère en outre le communiqué cité plus haut, une société allemande de literie, bien connue pour sa présence active sur les réseaux sociaux, a été condamnée par la cour d’appel de Paris pour avoir oublié de signaler qu’elle était l’éditeur d’un site comparatif. Prétendument indépendant, celui-ci favorisait de manière dissimulée la marque allemande. À noter : un de ses concurrents français, spécialiste de la literie en ligne, a également été condamné pour la même infraction.
« Le même pure player allemand de literie en ligne a été condamné par la cour d’Appel de Paris à une sanction financière de deux millions d’euros. En cause : des promotions qualifiées de temporaires, qui sont en réalité permanentes. Pour la justice, elles induisent en erreur les consommateurs et faussent la perception de la valeur réelle des produits. Avec un impact pour le consommateur, privé de transparence sur les prix. Et pour les concurrents, pénalisés par cette perte artificielle de compétitivité ».

Cette prise de parole musclée permet au collectif de faire passer un certain nombre de messages, au premier rang desquels celui selon lequel l’association œuvre en permanence pour une information optimale du consommateur et des “règles du jeu” équitables. « Les marques, françaises comme étrangères, doivent clairement indiquer leurs intérêts, même pour des contenus hébergés sur des plates-formes distinctes des leurs », assène-t-il.
Dans le même temps, Parlons Literie rappelle qu’il défend le bien dormir… au juste prix, même en période de promotions. Un prix, insiste le collectif, qui renseigne à la fois sur la valeur des produits (fabriqués dans le respect des normes en vigueur, avec des matières premières qui durent) et sur les savoir-faire qui la crée. « Les marques doivent mettre fin aux politiques tarifaires qui s’appuient sur la tromperie ou l’omission d’informations ! », lance-t-il.
Enfin Parlons Literie mentionne qu’il défend le contrôle systématique des plates-formes de vente en ligne, « au profit de la sécurité et du bien-être des consommateurs, mais aussi de la préservation de l’environnement. Les plates-formes doivent exercer leur devoir de vigilance. Et les pouvoirs publics doivent donner aux organes de répression des fraudes les moyens de les contrôler, afin de rétablir les conditions d’une information transparente et d’un choix éclairé du consommateur ».
À l’intention de ceux qui douteraient encore de l’utilité d’une telle action, rappelons ici que l’Institut technologique Forêt Cellulose Bois-construction Ameublement (FCBA) a réalisé une série de tests sur des matelas considérés comme “suspects” au regard de leurs promesses et de leurs prix, vendus sur des marketplaces et sur les plates-formes Temu et Shein. Les conclusions sont alarmantes : 100 % des dix produits testés ne sont pas conformes aux normes françaises en matière d’étiquetage et d’information du consommateur, et sont proposés avec des promesses, en termes de composition et de durabilité, mensongères (durée de vie, résistance). Pire, conclut Parlons Literie à propos de ces tests : « Pour la plupart d’entre eux, les incohérences d’affichage de la TVA ou de l’écocontribution font craindre des comportements frauduleux. »
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