Les améliorations attendues, en matière d’inflation en général et concernant une contraction des hausses de prix de l’alimentaire en particulier, devraient, sauf événement majeur, redonner un peu de souffle aux activités du commerce spécialisé au premier semestre 2024. Acceptons-en l’augure, même si cette inflexion des prix mettra sans doute du temps à être perçue… par des consommateurs toujours sceptiques vis-à-vis des annonces d’évolutions positives.
Selon Procos (Fédération pour la promotion du commerce spécialisé), l’activité des magasins du commerce spécialisé a baissé en octobre, à -1,5 % en valeur par rapport à octobre 2022 (80 enseignes interrogées sur leurs performances en France), deuxième mois négatif après septembre (-4,2 %). « Malgré un redressement des ventes à compter de la mi-octobre, constatent les analystes de la fédération, le rebond n’a pas été suffisant pour combler l’important retard de la première quinzaine, dont l’activité a été aussi morose que celle de septembre ».
Une météo plus automnale en fin de mois a permis de redresser un peu la tendance dans des secteurs tels que l’habillement et la chaussure. Ceci étant dit, en cumul, l’activité du mois s’est malgré tout conclue par une baisse significative pour ces deux secteurs versus octobre 2022 (-5,7 % pour l’habillement, -5 % pour la chaussure). Les paramètres des marchés de l’équipement de la maison constatés en septembre demeurent identiques en octobre, au premier rang desquels les importants problèmes liés au logement, qui impactent fortement les achats d’équipement de la maison : sur ce secteur, l’activité d’octobre s’affiche de nouveau à la baisse par rapport à 2022 (-1,6 %).
Comme pour les mois précédents, le secteur de la beauté/santé est en progression en valeur (+4,6 %), tandis qu’à l’inverse, l’alimentaire spécialisé reste en contraction (-2,1 %), de même que le sport, qui confirme malheureusement un retournement de tendance, à -9,7 %. Procos note par ailleurs une légère amélioration dans le secteur cadeaux/jouets/culture, qui retrouve enfin des chiffres proches de 2022 (à -0,3 % en magasins, après de très nombreux mois de contraction).
Selon l’Observatoire Procos/Stackr de la fréquentation des magasins, la fréquentation des points de vente en octobre reste en forte baisse, de 11,1 % par rapport à octobre 2022, soit un léger mieux par rapport à l’évolution constatée en septembre (-12,5 %).
En cumul, à l’issue du dixième mois de l’année, l’activité en magasins affiche une petite hausse, à +2,5 % en valeur comparativement à janvier/octobre 2022 ; ce qui implique une légère baisse des volumes vendus depuis le début de l’année. Comme à l’accoutumée, cette photographie moyenne reste toutefois très différente selon les secteurs d’activité. Certains réalisent un chiffre d’affaires stable par rapport à 2022 : -0,4 % pour l’habillement et +0,3 % pour l’équipement de la maison, soit une baisse des volumes vendus de 2,5 % à 3 % pour ces deux secteurs par rapport à l’année dernière.
Côté web, les évolutions des ventes en ligne des enseignes du commerce spécialisé, en octobre, sont légèrement mieux orientées que celles des magasins, avec une petite hausse de 1,6 % en valeur. En revanche, depuis le début de l’année, les ventes web sont identiques à celles de 2022 (+0,2 %), soit nettement moins bien orientées que celles des magasins, comme indiqué plus haut (+2,5 % en valeur sur 10 mois). La baisse de volumes des produits vendus sur le web se confirme : entre -2 % et -3 % depuis le début 2023.
« Les améliorations attendues en termes d’inflation et une contraction des hausses de prix des produits alimentaires, conclut Procos, devraient redonner un peu de souffle aux activités du commerce spécialisé au premier semestre 2024, sauf événement extérieur majeur… Souhaitons-le, même si cette inflexion des prix mettra sans doute du temps à être perçue par des consommateurs toujours sceptiques au sujet des évolutions positives annoncées pour le pouvoir d’achat, avec des prix au quotidien (alimentaire, grande consommation) qui resteront élevés, même s’ils augmentent peu, ou moins vite. Dans tous les cas, ces évolutions n’interviendront pas dans les toutes prochaines semaines. Il faut donc espérer que l’état d’esprit des Français soit dominé par l’envie de se faire plaisir et de décompresser en cette fin d’année ; un moment de respiration tel que celui constaté cet été, les Français ayant souhaité oublier un peu les angoisses quotidiennes en changeant d’air ».