Commerce spécialisé : un été qui se termine mieux qu’il n’a commencé, mais un début octobre préoccupant
Procos avertit que « le début d’octobre s’avère préoccupant, car la pénurie de carburants impacte la fréquentation des points de vente dès à présent, à -20 % dans les centres commerciaux de périphérie, touchés par les difficultés de mobilité ».
Le 18 octobre dernier, Laurence Paganini, présidente et Emmanuel Le Roch, délégué général de la Fédération pour la promotion du commerce spécialisé, ont présenté le bilan Procos à l’issue des neuf premiers mois 2022. Il en est notamment ressorti que l’activité du mois de septembre apparaît comme une exception : meilleur qu’en 2021 (+7 % en magasin) et même 2019 (+5,5 %), septembre est également le premier mois depuis février qui aura connu pour les enseignes une hausse des ventes internet par rapport à 2021 (+4,7 %), alors que celles-ci baissaient depuis sept mois (80 enseignes interrogées sur leur performance en France). « L’été s’est donc terminé mieux qu’il n’avait commencé, souligne la fédération. Le retour des touristes a fortement relancé l’activité dans certaines régions, après deux années difficiles, en particulier à Paris et en PACA ». Notons toutefois que cette activité de septembre est portée en partie par la hausse des prix ; phénomène contrecarré par ailleurs par une surperformance des enseignes “entrées de gamme/discount”.
Procos avertit par ailleurs que « le début d’octobre s’avère préoccupant, car la pénurie de carburants impacte la fréquentation des points de vente dès à présent, à -20 % dans les centres commerciaux de périphérie, touchés par les difficultés de mobilité ». Et d’ajouter : « Le développement de mouvements sociaux aurait d’importantes conséquences pour l’activité d’un mois d’octobre qui pèse lourd dans une année de commerce. »
Pour la période de janvier à septembre, les points saillants sont les suivants :
• Par rapport à 2021, le premier fait marquant est la baisse des ventes internet sur la période, avec -15,8 % pour l’ensemble du commerce spécialisé (à l’exception du secteur de la chaussure, à +7,2 %), alors que les magasins ont enfin repris une activité sans période de fermeture (+14,2 %).
• Des ventes toujours en retrait par rapport à 2019 pour l’ensemble du secteur du commerce spécialisé (-2,5 % pour les magasins et -1,5 % en cumulant magasins et internet). Toutefois, les situations se révèlent très différentes selon les marchés. Des secteurs s’affichent ainsi encore très en deçà de l’avant-Covid en 2019 pour les magasins : chaussure (-10,2 %), habillement (-6,5 %), beauté/santé (-4,5 %), et culture/jouet/cadeaux (-4,5 %). Mais trois secteurs, même si certains sont en retrait par rapport à 2021, ont une activité supérieure à 2019 sur la même période : l’alimentaire spécialisé (+16,2 %), l’équipement de la maison (+6,4 %) et le sport (+5 %).
• La fréquentation du cinéma demeure très inférieure à celle de 2019 (à 30 %).
• Compte tenu des difficultés qu’éprouve la restauration à table pour retrouver sa fréquentation d’avant-crise, le secteur est à -7 % sur la période, impacté par le télétravail et un retour compliqué aux activités culturelles telles que le cinéma et le théâtre. Un secteur également impacté par la poursuite de la livraison, qui ne croît plus, mais reste très supérieure à l’avant-Covid.
• La fréquentation des points de vente reste durablement inférieure à celle de 2019, à la fois dans les centres-villes et les centres commerciaux, avec une moyenne à -15 % (Observatoire Procos/Stackr de la fréquentation des magasins).
Pour la fin de l’année 2022 et le premier semestre 2023, si la fédération se veut un tant soit peu optimiste, notamment parce que « les Français continuent de montrer leur appétence pour la consommation », force est de constater, aussi, que les motifs d’inquiétude et les risques n’ont sans doute jamais été aussi nombreux, de même que les incertitudes : quasi récession, captation d’une part croissante du revenu des ménages par l’augmentation des prix des dépenses obligatoires (énergie, carburant, achats alimentaires et quotidiens)… « Les acteurs du commerce subissent un effet ciseaux très important et inquiétant, constatent Laurence Paganini et Emmanuel Le Roch. Leurs coûts d’exploitation augmentent. Les inquiétudes concernant les évolutions de la demande sont multiples. Très peu d’enseignes sont en mesure de transférer dans le prix de vente consommateur la totalité des augmentations de leurs coûts. De ce fait, l’écrasement des marges et des résultats est inéluctable ».