Les industriels de la cuisine notamment, voient leur activité fortement reculer sur le premier bimestre 2024, dans le sillage d’un secteur en difficulté depuis de nombreux mois. En outre, la concurrence internationale reste forte sur ce segment, avec des importations qui reculent moins vite que le marché, constituant ainsi un obstacle supplémentaire pour les fabricants nationaux, alors que ceux-ci doivent déjà composer avec un marché de l’immobilier en berne.
Dans sa note trimestrielle du mois de mars (publiée à la mi-mai), qui donnait un marché du meuble en baisse de 8 % versus mars 2023 (soit le plus fort recul depuis le début de l’année), l’Institut de prospective et d’études de l’ameublement (IPEA) a par ailleurs révélé que l’industrie du meuble poursuivait son recul. « Les années se suivent et se ressemblent pour l’industrie française du meuble, résume ainsi l’institut, qui voit encore son activité reculer sur le premier bimestre de l’année 2024, si l’on en croit les derniers chiffres diffusés par l’Insee. Bon point toutefois pour la literie, qui s’affiche en hausse ».
Du côté des « meubles de bureau et de magasins », le début d’année 2024 poursuit sur la tendance baissière de l’exercice précédent (sur ce segment, la production avait reculé de 5 % en valeur en 2023), avec une chute d’activité du même niveau sur le premier bimestre. « Le segment pâtit d’une activité en berne dans de nombreux commerces et magasins depuis plusieurs mois », analyse l’IPEA ; commerces et magasins pour lesquels « la tendance n’est pas à investir dans le renouvellement du mobilier ». Par ailleurs, nombreux sont les salariés qui pratiquent le télétravail, ce qui amène les entreprises à réduire leurs investissements en ce qui concerne leur mobilier de bureau.
« Le segment de la literie est celui qui parvient le mieux à ralentir la chute de son activité sur le marché du meuble au cours du premier trimestre 2024 », poursuit la note de l’IPEA. Les industriels français semblent profiter d’une tendance plus favorable et l’activité de la production de literie est en progression de 8,5 % sur les deux premiers mois de l’année. On notera également que, selon les douanes françaises, les importations sur le territoire ont reculé de 5 % en 2023 et de moitié en janvier, ce qui, après plusieurs années délicates, « laisse une marge de manœuvre plus importante aux industriels nationaux ». Et l’institut de conclure : « Après un recul d’activité de 10 % en 2022 et un quasi maintien en 2023 (-0,7 %), le segment commence doucement à se redresser sur les derniers mois. »
Côté cuisine, ce n’est hélas pas une surprise, les industriels de ce segment voient leur activité fortement reculer sur le premier bimestre, dans le sillage d’un marché de la cuisine en difficulté depuis de nombreux mois. « Si l’envie d’investir dans leur cuisine est toujours là, avance l’institut, les ménages hésitent à franchir le pas au vu de leur situation économique (qui reste tendue), ou alors, ils n’en ont tout simplement pas les moyens financiers pour le moment ». En outre, la concurrence internationale reste forte sur ce secteur, avec des importations qui reculent moins vite que le marché, constituant ainsi un obstacle supplémentaire pour les fabricants nationaux, alors que ceux-ci doivent déjà composer avec un marché de l’immobilier en berne.
Recul d’activité marqué également en ce qui concerne la production de ce que l’Insee appelle les « autres meubles », la consommation étant à la baisse sur l’ensemble du marché du meuble, à l’exception de la literie. « Comme à chaque fois, commente ici l’IPEA, difficile d’analyser les résultats de cette famille sans disposer du détail par types de produits, alors que celle-ci mélange à la fois meublant pour toutes les pièces de la maison, meuble de salle de bains et rembourré ». « On notera toutefois, ajoute-t-il, que la chute d’activité ralentit légèrement sur le bimestre, après une année 2023 clôturée sur un recul d’activité de plus de 12 %, qui lui-même faisait déjà suite à un recul supérieur à 7 % en 2022 ».
« Sur le premier bimestre de l’année 2024, c’est toute l’industrie européenne du meuble qui apparaît en difficulté, malgré toutefois quelques exceptions, révèle enfin la note de l’IPEA. La production française de meubles recule dans sa globalité de presque 7 % sur les deux premiers mois de l’année, ce qui constitue l’un des plus forts reculs de l’Union européenne selon les données diffusées par Eurostat. Parmi les premiers producteurs européens, seule l’Allemagne voit ses résultats reculer plus fortement, avec un -8,9 % affiché sur le même premier bimestre… La croissance n’est pas d’actualité chez de nombreux acteurs importants de l’industrie européenne du meuble. On notera ainsi que l’activité recule de 2,8 % en Belgique, de 4,7 % au Portugal, de 4,3 % en République tchèque et de 2,1 % en Roumanie. Les industriels italiens, pour leur part, peinent à maintenir leur activité sur la période, avec une performance à -0,6 %. Quelques exceptions notables toutefois sur ces deux premiers mois, avec des résultats positifs pour l’Espagne (à +3,5 %) et pour la Pologne, qui affiche une croissance de son activité de 1,1 % sur la période ».