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Le second semestre sera-t-il plus favorable au marché du meuble ?

Le second semestre sera-t-il plus favorable au marché du meuble ?

Le marché du meuble restera sous pression au cours de ce second semestre 2025 : après un premier semestre en recul de 3,9 %, l’IPEA anticipe une demande toujours atone. Les intentions d’achat reculent, tandis que la seconde main s’impose comme un concurrent structurel du neuf. Dans un contexte de moral des ménages en berne et tandis que les marchés de l’équipement de la maison continuent à servir de variable d’ajustement dans les arbitrages des consommateurs, le magasin reste cependant le canal d’achat privilégié de nos concitoyens.

Dans sa note semestrielle du mois de juin, rendue publique dans les tout premiers jours d’août et dont nous nous sommes fait l’écho ici-même le 4 août dernier, l’Institut de prospective et d’études de l’ameublement (IPEA) pose la bonne question : « Le deuxième semestre sera-t-il plus favorable au marché du meuble ? »

Hélas, alors qu’il fait état, dans cette même note, d’un mois de juin 2025 à -10 % et d’une évolution en baisse de 3,9 % en cumul à la fin du sixième mois de l’année, l’institut répond tout de go : « Rien n’est moins sûr », s’appuyant pour ce faire sur les résultats du baromètre trimestriel réalisé par l’ObSoCo (L’Observatoire Société et Consommation) pour l’IPEA, en juin dernier justement. À l’en croire, alors que la reprise se fait encore attendre et que seuls les spécialistes cuisine semblent, sur cette première partie d’exercice, parvenir à sortir de l’ornière, les enseignements de cette enquête* semblent annoncer « un second semestre encore tendu en termes d’activité ». Extraits.

10 %, c’est la part des personnes interrogées dans le cadre de ce baromètre qui déclarent qu’elles achèteront du mobilier pour leur logement au cours du troisième trimestre, proportions identiques au premier et au deuxième trimestre. C’est un point de moins que lors du baromètre réalisé l’année dernière à la même époque, soit 11 % de consommateurs potentiels en moins. C’est l’équipement de la maison dans son ensemble qui semble concerné par cette baisse. Les intentions d’achat pour la maison s’annoncent donc plutôt à la baisse pour les mois à venir et dans la lignée des premiers mois de l’année, ce qui devrait encore peser sur l’activité du marché du meuble sur le troisième trimestre.

12 % des futurs consommateurs de mobilier achèteront un produit d’occasion au troisième trimestre, alors que 14 % se déclarent encore indécis, ce qui reflète bien la part de marché croissante prise par les produits de seconde main. Loin d’un effet de mode, ce recours au marché de l’occasion se maintient dans le temps. Ils étaient ainsi 12 % à déclarer souhaiter avoir recours à ce marché parallèle au troisième trimestre 2024, contre 15 % d’indécis. En 2023, ils étaient 11 % pour 21 % d’indécis. Le marché de la seconde main devient un concurrent à part entière des acteurs du marché du mobilier neuf. C’est bien entendu sur le meublant que ces intentions d’’achats d’occasion sont les plus fortes, avec 18 % sur les meubles d’appoint et 19 % sur le meublant de rangement.

14 %, c’est la part des ménages de 25/34 ans qui déclarent vouloir acheter du meuble au cours des trois prochains mois. Les consommateurs qui se rendent en ce moment dans les points de vente sont avant tout des ménages en phase d’équipement. Ils ne sont plus que 8 % en ce qui concerne les 55/75 ans. Si la notion d’équipement est souvent synonyme de grande distribution ameublement, les résultats des derniers mois montrent que ce n’est pas forcément le cas dans les faits, le circuit reculant aussi rapidement, voire parfois même plus rapidement, que les autres. On notera ainsi dans les résultats du baromètre que les futurs acheteurs sont plutôt des ménages à hauts revenus, ce qui joue préférablement en faveur des spécialistes, qui résistent mieux depuis le début de l’exercice.

Le magasin reste le canal d’achat privilégié des consommateurs et reprend des couleurs après la recrudescence d’achats en ligne dans la foulée du Covid.

50 %, c’est la part des futurs acheteurs qui se rendront en magasin pour effectuer leurs achats de mobilier. Le magasin reste le canal d’achat privilégié des consommateurs et reprend des couleurs après la recrudescence d’achats en ligne dans la foulée du Covid. On notera ainsi qu’au cours des enquêtes menées en juin 2023 et 2024, ce sont 41 % des futurs acheteurs qui déclaraient qu’ils se rendraient en magasin et 42 % lors de l’enquête du deuxième trimestre 2025. Dans tous les marchés suivis dans ce baromètre, c’est le mobilier qui fera le plus souvent l’objet d’achats en magasin, juste derrière les vêtements & chaussures (à 52 %) et les parfums & cosmétiques (à 53 %).

17 % des ménages interrogés dans le cadre du baromètre déclarent avoir envie ou besoin d’acheter des produits d’ameublement. Là aussi, c’est un point de moins que lors de l’enquête réalisée en juin 2024. C’est moins que l’envie de faire des travaux (24 %, mais en recul de deux points par rapport à 2024) ; c’est en revanche plus que l’envie d’acheter des produits de jardin (16 %, en recul d’un point également), ou de la décoration (à 15 % et là aussi en recul d’un point).

22 %, c’est la part des ménages qui déclarent se restreindre quant à leurs dépenses d’ameublement pour leur logement, alors qu’ils étaient 31 % en 2024 lors de l’enquête menée à la même période. Hélas, « cette chute de neuf points n’est pas liée à une hausse de la consommation dans les points de vente de la part de ménages qui auraient décidé de dépenser, les résultats du marché ne vont effectivement pas dans ce sens, relève ici l’IPEA. On peut plutôt penser que cette baisse est liée à des ménages qui ont purement et simplement abandonnés leurs projets de réaménagement de leur logement et d’achat de mobilier… et qui ne sont donc plus concernés par le sujet. À moins qu’ils n’aient surmonté leurs restrictions en faisant appel au marché de la seconde main ».

79 %, c’est la part des répondants qui se déclarent pessimistes en ce qui concerne les prochains mois. Si c’est un peu mieux que lors de l’enquête du deuxième trimestre 2025 (où ils étaient 83 %), le moral des ménages reste quand même à des niveaux très bas. Ils sont mêmes 46 % à se montrer très pessimistes ; c’est deux points de moins par rapport à l’enquête du deuxième trimestre, mais c’est cinq points de plus par rapport à celle du troisième trimestre de l’année précédente. Dans ces conditions, ce sont 68 % des ménages qui déclarent que leur envie de consommer demeure faible ou mesurée, soit quatre points de moins que lors de l’enquête de l’année précédente. L’épargne semble avoir encore de beaux jours devant elle. Et il est fort à parier que les événements politiques que l’on sait auront pour effet de ne rien arranger à cette situation de moral en berne, voire participeront largement à son aggravation.

« Les résultats du baromètre trimestriel sont peu encourageants en ce qui concerne l’activité future sur notre marché, conclut d’ailleurs l’IPEA. Les intentions d’achat apparaissent en baisse et les ménages persistent à restreindre fortement leurs dépenses en ce qui concerne le marché de la maison, qui continue à servir de variable d’ajustement dans leurs arbitrages. Dans ces conditions, il est peu probable que les ventes de meubles repartent fortement dans les mois qui viennent, d’autant plus que les efforts et la communication sur la baisse de prix avaient commencé l’été dernier ».

            * Enquête réalisée en ligne du 16 au 27 juin 2025 auprès d’un échantillon de 2 000 personnes représentatif de la population de France métropolitaine selon des quotas d’âge, sexe, catégorie socioprofessionnelle, région, taille de l’agglomération de résidence et niveau de diplôme.

            (Source : IPEA.)

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