Filière en danger : contre la concurrence déloyale, l’Ameublement français monte au front

Tandis que les fabricants français sont soumis à des normes strictes, mais que, dans le même temps, des produits “low-cost” envahissent le marché sans forcément respecter les réglementations en vigueur, l’organisation professionnelle des acteurs de la fabrication d’ameublement hausse le ton. Et plaide pour “non-assistance à filière en danger”. Ceci au travers d’une campagne de communication d’alerte sur la situation d’iniquité du marché, à l’adresse des décideurs politiques et économiques.
Le 24 avril dernier, face à ce que l’organisation professionnelle des acteurs de la fabrication d’ameublement identifie comme « une déferlante croissante de produits d’ameublement importés, vendus à bas prix et souvent non conformes », l’Ameublement français a lancé sa campagne de communication d’alerte sur la situation préoccupante d’iniquité du marché et sur les préjudices que subissent les entreprises de la filière, ceci vers les décideurs politiques et économiques. Comment ? : à travers la presse nationale, régionale et les chaînes de télévision, ainsi que sur le réseau social professionnel en ligne LinkedIn. Pourquoi ? : pour appeler l’État et les élus à prendre leurs responsabilités.
« Les fabricants français, qui n’ont jamais cessé de produire localement, sont aujourd’hui les victimes d’une concurrence déloyale forte, a déclaré Arnaud Visse, président de l’Ameublement français et dirigeant de l’entreprise Coulidoor. Cette concurrence déloyale est d’autant plus injuste qu’il y a deux poids, deux mesures dans les contrôles et l’application des réglementations. Ils sont pourtant prêts à innover, à s’adapter et à continuer d’investir dans leurs territoires. Mais cela ne sera possible qu’à condition de rétablir des règles du jeu équitables ».
« Depuis plusieurs années, précise l’organisation professionnelle, les entreprises de la filière sont confrontées à une situation inédite : le développement massif de la “fast déco”, pendant de la “fast fashion”, qui bouleverse les règles du jeu. Des plates-formes e-commerce facilitent la diffusion de mobiliers fabriqués à l’étranger, souvent trompeurs pour le consommateur, parfois dangereux et insuffisamment contrôlés, alors même que les fabricants (français) sont soumis à une superposition de réglementations et de contrôles stricts ». Et d’ajouter : « Le temps du laisser-faire doit cesser. Ce que demandent les 14 600 entreprises de la filière est simple : que la loi soit la même pour tous. Pas de faveur, pas d’aide. Juste de l’équité. »
Plus concrètement, l’Ameublement français a identifié « trois préjudices majeurs pour l’économie nationale » :
1 • Un préjudice vis-à-vis des consommateurs, trompés par les promesses mensongères, voire par des produits dangereux de vendeurs tiers peu scrupuleux sur les marketplaces. « Des tests produits en laboratoire réalisés sur une sélection de produits suspects l’ont démontré, notamment pour des meubles à destination des enfants, qui ne respectent pas les normes de sécurité ».
2 • Un préjudice concurrentiel : les entreprises françaises, soumises à des normes strictes et un cadre réglementaire exigeant, se retrouvent face à des concurrents qui contournent les règles. Cette distorsion compromet l’activité des entreprises concernées et fragilise quelque 60 000 emplois directs. « La superposition de réglementations françaises et européennes mobilise des ressources humaines et financières dans nos entreprises françaises et asphyxie l’innovation indispensable au développement des entreprises ».
3 • Un préjudice environnemental : les fabricants français sont engagés dans la conception de meubles durables et se positionnent ainsi comme une solution aux enjeux de décarbonation de l’économie. « La filière de l’Ameublement français montre l’exemple, notamment avec sa filière REP (Responsabilité Élargie du Producteur) qui valorise 97 % des déchets d’ameublement collectés par les éco-organismes. Ce modèle vertueux est menacé par une déferlante de mobilier “jetable”, commercialisé par des vendeurs tiers en places de marché souvent fraudeurs à l’éco- contribution ».

Face à cette situation et en vue de rétablir une forme d’équité, l’Ameublement français appelle l’État et les élus à prendre leurs responsabilités en engageant quatre mesures prioritaires :
1 • Prioriser les contrôles de la DGCCRF (Direction générale de la Concurrence, de la Consommation et de la Répression des fraudes) vers les meubles importés commercialisés sur les plates-formes e-commerce et réformer l’organisation de la DGCCRF, pour l’adapter aux défis de concurrence déloyale, notamment sur les marketplaces, suivant ainsi les recommandations récentes de la Cour des comptes.
2 • Renforcer les contrôles des Douanes sur les meubles importés et mettre en place des droits de douanes pour les produits inférieurs à 150 €, afin d’assurer la sécurité des consommateurs.
3 • Pérenniser l’éco-contribution visible au-delà du 31 décembre 2025, gage de transparence pour les consommateurs et symbole d’équité environnementale. « L’éco-contribution est un vecteur majeur de lutte contre la “fast déco” et le mobilier jetable, quand les fabricants français s’engagent pour un mobilier durable ».
4 • L’arrêt des superpositions réglementaires, qui accroissent les charges et étouffent l’innovation. « Il n’est pas question de remettre en cause le principe de la réglementation, qui repose généralement sur une cause juste, mais plutôt d’alerter sur sa mise en œuvre, qui n’est pas traduite à hauteur de PME, sans étude d’impact, dans des délais intenables ».
« Nous sommes prêts à relever les défis du marché et à nous adapter aux attentes des consommateurs, s’est engagé Arnaud Visse. Mais nous ne pouvons pas lutter contre l’injustice. L’équité de marché n’est pas une option, c’est une nécessité ».