Construction neuve en France : les premiers signes d’un rebond après deux années noires
Après deux ans de chute, les mises en chantier de logements repartent timidement à la hausse, selon MSI Reports. Un rebond certes encore fragile, mais porteur d’un nouveau cycle, soutenu par la détente des taux et le prêt à taux zéro élargi. Le non-résidentiel amorce lui aussi une reprise mesurée, tirée par certains secteurs clés comme la logistique et la santé.
Le 20 octobre dernier, à l’occasion de la publication de deux études de marché sur la construction neuve dans les secteurs résidentiels et non résidentiels, le cabinet français indépendant MSI Reports, spécialisé dans les études de marché B2B, a livré (par voie de communiqué) quelques données édifiantes issues des enquêtes en question. Toujours bon à prendre, lorsque l’on sait que près d’un tiers des achats de meubles est lié aux déménagements…
« Après deux années de chute brutale, affirme ainsi MSI Reports, le marché français de la construction neuve semble enfin entrevoir un redémarrage. Selon les dernières données publiques, les mises en chantier de logements, qui avaient atteint un point bas en mai 2025 (avec seulement 258 000 unités sur douze mois), repartent progressivement à la hausse. Le mois d’août 2025 marque un tournant, avec plus de 270 000 logements mis en chantier ». Certes encore timide (et à la merci d’événements susceptibles d’asséner un nouveau coup d’arrêt au mouvement…), ce regain d’activité s’explique par plusieurs facteurs : la détente des taux d’intérêt ; le recul de l’inflation ; l’élargissement du PTZ (prêt à taux zéro) ; et la montée en puissance du “Nouveau programme national de renouvellement urbain” (NPNRU).
« Malgré cette amélioration, poursuit le communiqué du cabinet d’études, l’activité reste en net retrait par rapport à ses niveaux d’avant-crise : les mises en chantier de logements restent inférieures de 29 % à la période prépandémique. Néanmoins, ce rebond marque le début d’un nouveau cycle. L’immobilier conserve son statut de valeur refuge auprès des ménages français, dans un contexte de besoins structurels toujours plus forts. La progression démographique, combinée à un phénomène accru de décohabitation (vieillissement, célibat, divorces), continue de générer une demande élevée, estimée entre 250 000 et 450 000 nouveaux logements par an selon les sources ».
Le marché de la construction non résidentielle, lui aussi en berne depuis 2022, amorce également une reprise. En août 2025, les surfaces mises en chantier ont progressé de 2 % par rapport à juillet, après avoir atteint un point bas historique de 19,8 millions de mètres carrés. Certains secteurs se distinguent, notamment les entrepôts (+5,2 %), les bâtiments culturels et de loisirs (+4,9 %) ou encore ceux de la santé (+4,1 %). L’assouplissement de la politique monétaire européenne crée, là aussi, un environnement plus propice à l’investissement, mais la reprise reste fragile, freinée par une instabilité politique persistante et des incertitudes internationales majeures.
À moyen terme, MSI Reports rappelle, s’il en était besoin, que les perspectives du secteur restent conditionnées à la stabilisation du contexte macroéconomique et politique. Par ailleurs, les contraintes structurelles et réglementaires pèsent toujours fortement sur ces mêmes perspectives : le coût élevé des matériaux (encore 10 % à 20 % au-dessus de leur niveau de 2019 selon MSI) ; les normes environnementales renforcées (nouvelle réglementation énergétique et environnementale de l’ensemble de la construction neuve “RE 2020”, objectif ZAN-Zéro artificialisation nette des sols, “décret tertiaire” relatif à la réduction progressive de la consommation d’énergie des bâtiments tertiaires…) ; sans oublier la raréfaction du foncier accessible. Dans ce cadre, le « recyclage urbain » devient une priorité : division parcellaire, reconversion de friches, de zones commerciales ou de bureaux, apparaissent désormais comme des pistes privilégiées.
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