Selon Procos, le premier semestre 2024 se termine par un mauvais mois de juin, non seulement affecté par une météo très défavorable, mais encore (voire surtout), par une dissolution de l’Assemblée nationale qui a aussitôt impacté la consommation et créé une période d’incertitude (toujours défavorable), ceci jusqu’aux résultats du 7 juillet dernier ; résultats dont on ne peut pas dire qu’ils soient pour l’heure de nature à rasséréner un consommateur déjà frileux…
À l’occasion de sa conférence de presse semestrielle du 10 juillet dernier, Procos (Fédération pour la promotion du commerce spécialisé) a dressé le bilan de l’activité du premier semestre de cette année 2024, marqué (entre autres facteurs susceptibles de fragiliser la consommation) par une météo très défavorable. « Le semestre se termine dans la difficulté pour les ventes magasins, constate ainsi la fédération (80 enseignes interrogées sur leurs performances en France), avec un mois de juin en négatif important par rapport à 2023 dans plusieurs secteurs tels que la chaussure, l’habillement ou l’équipement de la maison ». Sur ce dernier segment, la météo impacte sévèrement l’univers du jardin, tandis que « le reste de l’activité continue de subir la morosité du marché des logements, qui impacte en particulier les marchés du meuble, de la décoration et de la cuisine ». Ce mois de juin est toutefois resté porteur pour plusieurs secteurs tels que la beauté/parfumerie, les cadeaux-culture-jouets et l’alimentaire spécialisé. Quant à la fréquentation des magasins (source : Observatoire Procos/Stackr), elle affiche « la pire évolution depuis le début 2024 », à -6,1 % vs juin 2023.
En moyenne, sur ce premier semestre, les ventes du commerce spécialisé sont en hausse de 2,5 % en magasin, croissance qui se situe exactement au niveau de l’inflation sur la période. En d’autres termes : l’activité stagne. Les ventes web suivent une tendance légèrement supérieure, à +3,5 %. « Mais, ces moyennes cachent de grandes différences sectorielles », prévient Procos, à savoir :
• La chaussure (-6,1 % en magasin) et l’habillement (-4,8 %) réalisent un mauvais semestre. « Seul mars a été positif pour l’habillement et 85 % des enseignes de notre panel constatent une baisse de chiffre d’affaires au premier semestre 2024 comparativement à 2023 », constate ici Emmanuel Le Roch, délégué général.
• L’activité est également sous forte tension dans l’équipement de la maison, en baisse de 3 % sur le semestre. « Mais certains secteurs, souligne la fédération, tels que le meuble ou la décoration, subissent des contractions encore très supérieures, sous l’impact des difficultés continues du marché de l’immobilier et des tensions en relation avec le comportement des consommateurs à la suite de l’inflation élevée ».
• Le sport voit également ses ventes baisser en magasin. Mais celles-ci sont presque compensées par la hausse des ventes sur le net pendant la période.
• La beauté (+7,5 % en magasin), la restauration (+4,5 %), les cadeaux-culture-jouets (+4,5 %) et, dans une moindre mesure, l’alimentaire spécialisé (+3,5 %), réalisent un semestre bien orienté.
« Le contexte actuel augmente très fortement le niveau d’incertitudes pour la consommation et le commerce dans les prochains mois, poursuivent les communicants de la fédération. La baisse de l’inflation (2,1 % en juin) est en mesure de rassurer une partie des consommateurs et de lever progressivement le stress créé par la forte inflation de 2022/2023. Les dépenses contraintes pèsent toujours beaucoup sur le budget des ménages et des arbitrages s’opèrent, souvent défavorables à nos produits non alimentaires. Les projets d’investissement (équipement maison, cuisine…) sont reportés. Nous devons faire face, être agiles et nous adapter, en souhaitant un retour rapide à la confiance, à une situation sereine qui nous permettra de construire l’avenir du commerce ».
« Dans nos secteurs, les niveaux de stocks élevés mettent sous tension les trésoreries, conclut André Tordjman, nouveau président de Procos. Et si l’on associe cette situation aux incertitudes de l’activité pour les prochains mois, il est évident que les entreprises ont rapidement besoin que soit mis en œuvre le protocole signé entre les représentants des commerçants et des bailleurs en matière de mensualisation des loyers. Heureusement, cet accord existe. Il ne reste qu’à le rendre opérationnel et il est nécessaire de le faire rapidement, pour permettre aux commerçants d’affronter au mieux cette période et d’investir sur un commerce qui donne envie ».