EXCLUSIF ! Mickaël Fauré : « Mes ambitions pour Tousalon, Place de la Literie… et L’Univers du Sommeil. »
Alors que, dès la décision rendue (le 12 octobre dernier) le groupe Fremaux Delorme avait fait savoir qu’il était le repreneur, désigné par le tribunal de commerce de Chalon-sur-Saône, de Maison de la Literie, l’acquéreur des enseignes Tousalon et Place de la Literie, Mickaël Fauré (propriétaire de deux unités Tousalon, à Montpellier et Béziers), s’était fait plus discret. Il répond aujourd’hui en exclusivité à nos questions… et lève le voile sur un dernier rebondissement, et pas des moindres : la reprise, par son groupe, de la bannière L’Univers du Sommeil.
Meuble-Info : Pour quelles raisons vous et le groupe que vous représentez (MF1), se sont portés candidats au rachat des enseignes Tousalon et Place de la Literie, via la reprise des actifs de la société Newco, placée – rappelons-le – en redressement judiciaire en juillet 2023, à la demande de son actionnaire (le groupe Veldeman), au même titre que les autres sociétés du groupe IFP (branche distribution de Maison de la Literie) ?
Mickaël Fauré : À l’origine de mon intérêt pour la reprise de Tousalon, il y a le simple fait que je fais partie des plus anciens adhérents de l’enseigne.
Sans rentrer dans les détails, les premières difficultés rencontrées par Tousalon remontent à début 2021, quand le groupe Keria a décidé de céder Tousalon (et Place de la Literie) au groupe Maison de la Literie, dirigé alors par Pierre Elmalek. Pas mal d’adhérents, dont je faisais partie, ont été contrariés par ce rachat. Nous avons, par la suite, été globalement déçus par ce nouvel attelage… jusqu’à ce que le groupe Veldeman reprenne les rênes et décide finalement de se séparer de Tousalon.
Dans un premier temps, la direction de Veldeman a manifesté sa volonté de céder Tousalon (mais que Tousalon, car le groupe belge ne voulait pas se séparer de la bannière Place de la Literie, qui pouvait alors devenir une concurrente sérieuse des magasins sous enseigne Maison de la Literie et L’Univers du Sommeil) et a lancé un appel d’offres dans cette optique. Au même titre que d’autres repreneurs potentiels, je me suis alors porté candidat. De mon point de vue, à l’époque, la priorité consistait à redonner son indépendance à Tousalon ; mais je leur ai quand même signifié que la reprise de Place de la Literie m’intéressait aussi…
Après moult réflexions et déjà confronté aux pertes abyssales du groupe IFP, Veldeman a finalement décidé de se séparer des deux marques (Tousalon et Place de la Literie). Après quoi leurs dirigeants m’ont finalement signifié qu’ils souhaitaient rentrer en négociation exclusive avec moi pour la reprise des actifs de la structure Newco, en juin ; ils m’ont donné un accord oral le 12 juillet ; et le 13 juillet, ils demandaient à être placés en redressement judiciaire !
On connaît la suite… Pensez-vous que cet accord de principe a joué un rôle décisif dans le choix final du tribunal de commerce de Chalon-sur-Saône, le 12 octobre dernier ?
– Je ne suis pas dans la tête des juges, mais il est effectivement probable que le fait d’avoir en quelque sorte été désigné une première fois comme mieux-disant pour la reprise de Tousalon et Place de la Literie, a largement influencé leur décision finale.
Le 12 octobre donc, vous avez été officiellement désigné comme repreneur des actifs de la société Newco et, ce faisant, des enseignes Tousalon et Place de la Literie. Dont acte. Mais l’on vient d’apprendre que le même tribunal, à l’issue d’une nouvelle consultation des repreneurs potentiels par le mandataire, vous a également désigné comme attributaire de l’enseigne L’Univers du Sommeil… qu’on croyait faire partie du périmètre repris par le groupe Fremaux Delorme !
– Je vous confirme cette information, ceci selon un jugement complémentaire du tribunal, rendu le 28 novembre dernier.
Dans les documents qui définissent le périmètre de sa reprise auprès de l’administrateur judiciaire, le groupe Fremaux Delorme n’a pas mentionné la société ENA, propriétaire des contrats et de la marque L’Univers du Sommeil. Alerté à ce sujet, le tribunal a donc demandé au mandataire de justice de proposer la cession des actifs de la société ENA à tous les candidats potentiellement intéressés (principalement ceux ayant déjà eu accès à l’ensemble du dossier IFP). Une nouvelle audience, devant le juge-commissaire, ainsi que le procureur de Chalon-sur-Saône, s’est tenue le 16 novembre, afin d’étudier les projets des candidats.
Pourquoi vous êtes-vous, à nouveau, porté candidat ?
Pour deux raisons essentielles. La première étant que posséder un réseau plus important, avec à la clé une capacité de négociation plus conséquente auprès des fournisseurs, représente toujours un atout non négligeable pour une centrale.
La deuxième motivation résidait dans le fait que beaucoup de points de vente sous enseigne L’Univers du Sommeil sont en réalité d’anciens Place de la Literie… qui ont été fortement incités à passer sous la bannière L’Univers du Sommeil par l’ancienne direction ; stratégie qui, soit dit en passant, avait considérablement affaibli le réseau Place de la Literie. Du coup, cette opération revient en quelque sorte à retrouver, en partie, nos anciens adhérents !
Ne craigniez-vous pas que le groupe Fremaux Delorme conteste cette dernière décision ?
– Je ne veux préjuger de rien et m’en tiendrai bien sûr à toute décision de justice, quelle qu’elle soit. Mais factuellement, deux jugements du tribunal me désignent formellement comme attributaire de Tousalon, Place de la Literie et L’Univers du Sommeil. Par ailleurs, sans être expert en la matière et si j’en crois mes conseillers, je ne suis pas certain que les dirigeants du groupe Fremaux Delorme aient la possibilité de faire appel.
En tout état de cause, nous sommes déjà en ordre de marche, avec notamment Lionel Gusparo en tant que directeur d’enseigne pour Tousalon, et Joël Manchon – que nous venons d’embaucher – en tant que directeur d’enseigne pour Place de la Literie et L’Univers du Sommeil. Lionel Gusparo n’a plus rien à prouver dans le domaine du siège ; quant à Joël Manchon, dans la literie depuis une quarantaine d’année (il a notamment dirigé plusieurs magasins de literie sous diverses enseignes, puis a créé une enseigne spécialiste des meubles en rotin), il est un professionnel aguerri en matière d’ameublement et se lance aujourd’hui un nouveau défi.
Avant de rentrer dans le détail de votre projet, pouvez-vous nous en dire plus concernant le groupe MF1, dont vous êtes le dirigeant ?
– MF1 est une holding familiale dont je possède 95 % du capital, les 5 % restants étant entre les mains d’autres membres de ma famille. Au sein de cette holding, c’est la structure “MF Clermont” (bientôt rebaptisée “MFC”), qui portera les marques Tousalon, Place de la Literie et L’Univers du Sommeil. Ma sœur, expert-comptable, va détenir des parts dans cette société et sera la directrice financière du groupement.
Pour résumer, nous sommes un groupe familial dont le principal dirigeant (moi-même) est un professionnel qui évolue dans le secteur du meuble depuis maintenant une dizaine d’années et qui va pouvoir apporter aux adhérents son savoir-faire en matière de sourcing et de méthodes, tandis que le back-office de la holding leur fera bénéficier de son expertise en termes de contrôle de gestion, finance et juridique.
Quelles sont vos ambitions pour les trois marques-enseignes que vous venez d’acquérir, ainsi que vos priorités ?
– Comme je vous l’ai déjà dit, nous sommes en ordre de marche.
Nous avons profité du salon EspritMeuble, au mois de novembre dernier, pour organiser une première réunion nationale avec des adhérents Tousalon. Étant donné que Lionel Gusparo a choisi de poursuivre l’aventure avec nous et que j’ai le soutien de beaucoup de mes confrères, il était relativement facile de tenir ce premier rassemblement, mais nous allons organiser une visio-conférence à l’intention des adhérents Place de la Literie et L’Univers du Sommeil sous peu, en attendant une prochaine réunion en présentiel, dont la date reste à déterminer.
Concernant Tousalon, notre volonté consiste à redonner à l’enseigne l’ADN qui, par le passé, a permis au réseau d’occuper (dans les années 80/90) le statut de premier saloniste de France. Cela passera notamment par une communication qui aura pour objectif de développer auprès du grand public l’image d’un groupement sérieux, centré sur la vente de canapés bien sûr, mais avec pour principaux arguments, la notion de confort, la personnalisation, la qualité des produits et une fabrication essentiellement européenne.
Concernant Place de la Literie et L’Univers du Sommeil, nous allons dans un premier temps travailler avec les adhérents actuels, de manière à définir des positionnements qui nous permettent de développer les deux réseaux de la façon la plus habile qui soit.
Sans pour autant anticiper sur ce que nous déciderons ensemble, je pense notamment que L’Univers du Sommeil devra se positionner comme chantre de “L’Univers” de la literie, avec un assortiment qui redonne une large place aux marques nationales reconnues ; tandis que Place de la Literie devra apparaître comme la “Place” de la literie, de la literie d’hôtellerie, haut de gamme, ultra-confort… Et sans doute l’une des deux sera-t-elle davantage axée sur les marques propres…
Quels que soient nos futurs choix stratégiques en tous cas, autant je suis fermement décidé à développer les deux réseaux en parallèle, autant je refuse que l’une soit le bas de gamme de l’autre. Les deux bannières déclineront chacune leurs propres profondeurs de gammes, sur des positionnements marketing et des territoires de marques à la fois bien distincts et bien identifiables. Cette dichotomie devra d’ailleurs permettre à ceux de nos adhérents qui le souhaitent de pouvoir développer les deux marques sur leur zone.
Combien de points de vente actifs représentent désormais ces trois enseignes et comment envisagez-vous d’en relancer le développement ?
– Aujourd’hui nos réseaux représentent plus de 30 magasins Tousalon, 12 Place de la Literie et 32 L’Univers du Sommeil. Pour ce qui est du développement, il se fera soit en licence de marque, soit en franchise ; un avocat spécialiste travaille actuellement sur le sujet et je ne peux pas vous en dire plus.
Ce dont je suis certain, c’est qu’il y a vraiment quelque chose de beau à faire autour de ces trois marques ! Nous sommes effectivement en train de mettre sur pied un groupement avec lequel nous apporterons aux revendeurs des services et des référencement optimisés. Ingénieur de formation, j’attends d’ailleurs de nos partenaires fournisseurs qu’ils nous assurent une qualité de produits et de services irréprochable. Une fois ce “cocktail” réussi, je suis convaincu que nous disposerons d’un groupement puissant, capable de combler toutes les attentes de nos clients finaux.
Par ailleurs, j’insiste sur le fait que nous sommes un groupe qui est à taille humaine et qui le restera, j’y tiens. Nous serons toujours des commerçants qui travaillent pour apporter des services et un accompagnement permanent à d’autres commerçants. Nous sommes en outre un groupe qui a les reins solides, tout a été financé en fonds propres ; un groupe qui, enfin, sait d’ores et déjà s’entourer de professionnels compétents, reconnus et à la hauteur du projet, qui vont pouvoir insuffler à ces trois marques une nouvelle dynamique… Fort de tous ces atouts, je suis convaincu que le groupe MFC va prendre rapidement son envol et connaître un développement à la fois rapide et conséquent !