Les effets de la crise énergétique et économique, sur les attitudes des consommateurs, seront encore bien présents en 2024, révèle, entre autres enseignements, l’étude “Profil 2024 by Sofinco”, rendue publique fin janvier dernier. Les intentions d’achat des Français restent malgré tout plutôt bien orientées en ce qui concerne l’aménagement de la maison.
Le 23 janvier dernier, à Paris, Christian Fuchs (directeur “Partenariats stratégiques et prospection” de Sofinco, marque commerciale de Crédit Agricole Consumer Finance, filiale de crédit à la consommation de Crédit Agricole S.A.) et Christophe Gazel (directeur général de l’IPEA, Institut de prospective et d’études de l’ameublement), ont présenté les principaux enseignements de l’étude “Profil 2024 by Sofinco – Les Français et leur logement, Décryptage des tendances de consommation”*. Synthèse.
Les périodes de confinement ont amené les Français à réorganiser leur maison, ceci afin d’y ménager davantage de place et de la rendre plus facile à vivre, tandis que le contexte économique renforce la tendance d’une maison plus efficace côté énergétique… et que les tensions sur le pouvoir d’achat de nos concitoyens sont toujours une réalité. Ceci posé, l’étude “Profil 2024” révèle que 18 millions de ménages ont l’intention d’acheter au moins un bien pour l’équipement de leur maison cette année, soit 61 % des ménages français. Les intentions d’achat qui progressent fortement portent sur les fenêtres (+83,3 %) et les systèmes de chauffage (+42 %). La cuisine, après une année 2023 qualifiée « d’ajustement », obtient également un arbitrage plus favorable en 2024, avec 3,2 millions de ménages qui envisagent un achat pour cette pièce (+23 %). « Reflet croissant du fait que la cuisine accroît son rôle de “pièce à vivre”, ajoutent les auteurs de l’étude, les intentions d’achat portent à la fois sur la cuisine intégrée et sur les “meubles mobiles” comme les tables, chaises, tabourets et petits meubles ».
À noter également, toujours en termes d’intentions d’achat : au même titre que pour la domotique et la climatisation, le nombre de ménages consommateurs potentiels s’affiche à la hausse (versus 2023) pour la literie (matelas, sommiers), avec 3,5 millions de ménages qui envisagent un achat, ainsi que pour le salon (canapés, fauteuils, banquettes), avec 2,8 millions de ménages intentionnistes.
Côté travaux, près de la moitié des propriétaires de maisons se lanceront dans des travaux en 2024 (47 %). Ce sont des travaux simples (comme la pose de papier peint ou la peinture des murs) qui seront majoritairement effectués (21 % des ménages). Puis en seconde position, on retrouve les travaux d’isolation intérieure et extérieure, les Français ayant pris conscience qu’une bonne isolation était un atout non négligeable pour réaliser des économies sur leurs factures de gaz et/ou d’électricité.
Ce n’est pas un scoop : dans une période de hausse des prix et de vives tensions sur leur pouvoir d’achat, les ménages arbitrent. Fait nouveau en revanche : cet arbitrage s’opère de plus en plus entre le neuf et l’occasion, entre le fait de réparer plutôt que de changer, et non plus simplement entre des achats de produits neufs dans différentes catégories d’achat (vêtements vs équipement de la maison par exemple). Confirmation dans ce contexte (d’un phénomène mesuré de longue date par l’IPEA) : nos concitoyens n’hésitent plus à se tourner vers le marché de l’occasion. Ainsi, 34 % des ménages qui envisagent de s’équiper en 2024 sont prêts à recourir à la seconde main pour au moins un de leurs achats, alors qu’ils n’étaient “que” 29 % en 2023. Cela concerne principalement les meubles (table, chaise, bureau…), cités par 39,5 % des ménages futurs acheteurs, ainsi que le matériel de sport (37,8 % des futurs acheteurs).
Ils préfèrent également réparer, plutôt que jeter et remplacer leurs équipements : 82,7 % des Français déclarent préférer réparer un meuble ou un électroménager lorsqu’il est abîmé ou en panne, plutôt que d’en acheter un neuf. Le doublement du montant du “bonus réparation” pour les cinq appareils que sont le lave-linge, le lave-vaisselle, le sèche-linge, l’aspirateur et le téléviseur, devrait renforcer cette tendance. À noter enfin : lorsque les ménages préfèrent racheter et se séparer du produit endommagé, ils n’hésitent pas pour autant à lui donner une seconde vie. Ainsi, seulement 30 % des ménages qui se séparent de leur mobilier plutôt que de le réparer vont le jeter, alors qu’un quart va le donner à une association, un autre quart va le revendre d’occasion et les 20 % restants donnent à leur famille ou amis.
Par ailleurs, bien que la recherche d’économies soit la raison première de l’achat d’occasion (pour 65,7 % des Français), l’argument écologique, cité par 40,5 % des futurs acheteurs de produits d’occasion, progresse. Enfin plus de la moitié des Français (51,5 %) se disent d’accord avec l’idée de privilégier la fabrication locale, quitte à payer plus cher ; et ils sont autant à acheter des produits de fabrication éco-responsable pour leur logement (54,2%).
Autre enseignement, concernant le financement celui-là : 36 % des futurs ménages acheteurs auront recours à une solution de financement pour au moins un de leurs achats d’équipement de la maison en 2024. Ces intentions sont en baisse par rapport à 2023, dans toutes les catégories, alors même que la tension sur le pouvoir d’achat reste élevée. En toute logique, le recours au financement sera privilégié pour les achats les plus onéreux. En tête le système de chauffage (40,2 % des futurs acheteurs), puis la climatisation (39,8 %) et l’achat de canapés et fauteuils (34,5 %). Suite à la hausse des prix et des taux d’intérêts, les consommateurs sont très vigilants sur le montant des mensualités. Certains privilégieront d’allonger la durée de leur financement. C’est majoritairement le cas pour l’achat de fenêtres (43,3 %) et de matériel de sport (40 %). D’autres préfèreront diminuer le montant de leur achat. C’est le cas pour l’achat de domotique (50 %), d’un dressing (42,9 %) ou l’isolation du logement (41,2 %).
Enfin en termes de parcours d’achat, l’étude “Profil 2024” souligne que, même si les Français privilégient très largement l’achat en magasin pour aménager leur logement, en 2024 ils souhaitent passer plus de temps chez eux ; parce que la situation économique et sociale les y pousse (67 %), mais aussi parce que cette maison reste une forme de “refuge” contre le monde qui les entoure (88 %). Ils seront ainsi 8 sur 10 à démarrer leur parcours d’achat en ligne, depuis chez eux ! « Ces tendances, relèvent les auteurs de l’étude, devraient inciter les professionnels du secteur à développer encore un peu plus l’omnicanalité de leurs parcours et développer le service et le conseil (pointu) en magasin ».
« Les effets de la crise énergétique et économique, sur les attitudes des consommateurs, seront encore bien présents en 2024, a quant à lui commenté Christian Fuchs. Bien que la question environnementale progresse, elle reste devancée par une préoccupation financière très forte. Les tendances pour l’équipement de la maison que sont la réparation et l’occasion, répondent à ces deux enjeux et les entreprises du secteur ont tout intérêt à favoriser ces comportements. Le financement sera aussi un moyen pour les Français de continuer à améliorer leur habitat et notamment sa performance énergétique ».
* Etude menée en ligne du 24 novembre au 7 décembre 2023 auprès d’un échantillon représentatif de 6 000 ménages Français sur des critères d’âge, de profession, de région d’habitation, de type de logement et de statut d’occupation de ce logement selon la méthode des quotas.