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Immobilier : l’espoir d’un frémissement

Immobilier : l’espoir d’un frémissement

Si le nombre de transactions dans l’ancien devrait continuer de diminuer au cours des prochains mois, la baisse annuelle, assez stable depuis quelques mois, pourrait commencer à s’amoindrir. Le marché immobilier arrive à son point d’atterrissage. L’organisation professionnelle des notaires de France note même par endroits un regain d’activité qui, s’il n’est pas encore vivace, peut laisser augurer d’une reprise, à mesure que la BCE desserre les contraintes impactant le marché.

Dans sa dernière note de conjoncture immobilière, le “Conseil supérieur du notariat – Notaires de France” fait état d’un volume de transactions de logements anciens, en cumul sur les douze derniers mois en France (hors Mayotte), qui atteint les 835 000 transactions à fin février 2024. « Si la baisse annuelle était de 22 % depuis novembre 2023, elle s’érode encore d’un point en février 2024, à -23 % », souligne l’organisation professionnelle. Et d’ajouter : « Le marché immobilier français n’avait jamais connu de baisse aussi forte sur un an et il faut remonter à novembre 2016 pour retrouver des volumes de transactions aussi faibles. Les ventes représentent 2,3 % du stock de logements, une part en diminution depuis le point haut du troisième trimestre 2021 (3,2 %) et désormais inférieure au niveau du début des années 2000, avant la crise économique de 2008. »

« Si le nombre de transactions devrait continuer de diminuer dans les mois à venir, poursuit la note de conjoncture, la baisse annuelle, assez stable depuis quelques mois, pourrait commencer à s’amoindrir. Le marché immobilier arrive à son point d’atterrissage. Le printemps, traditionnellement synonyme de pic d’activité dans l’année immobilière, n’avait pas opéré d’effet de rattrapage en 2023, confortant le repli rapide du marché. Les notaires peuvent néanmoins noter cette année par endroits un regain d’activité qui, s’il n’est pas encore vivace, peut laisser augurer d’une reprise à mesure que la Banque centrale européenne (BCE, ndlr) desserre les contraintes impactant le marché immobilier ».

Lors de sa réunion du 7 mars 2024, le Conseil des gouverneurs a décidé de laisser inchangés les taux directeurs de la BCE, alors que l’inflation continue de diminuer, pour des projections tablant sur une hausse moyenne des prix de 2,3 % en 2024, 2 % en 2025 et 1,9 % en 2026. Il est par ailleurs quasiment acquis que l’institution européenne va procéder à une première baisse de ses taux directeurs ce jeudi 5 juin et celle-ci est déjà intégrée dans les taux proposés par les banques, stimulant de facto la concurrence entre elles, la capacité d’endettement des Français s’en trouvant mécaniquement accentuée. « Sans prédiction auto-réalisatrice, l’espoir d’un frémissement et d’un avenir plus dégagé à l’orée du dernier trimestre ne serait plus forcément à exclure, avance ici l’organisation professionnelle. À n’en pas douter, la reprise de la demande passe par une baisse prolongée des taux, mais dont le rythme reste encore actuellement incertain ».

De mars 2023 à février 2024, 364 800 logements ont été autorisés à la construction, soit 101 900 de moins que lors des douze mois précédents. (© Freepik.)

Autre élément susceptible d’aider à la reprise du marché immobilier : le niveau des prix. Celui des logements anciens en France métropolitaine baisse sur un an à -3,9 % au quatrième trimestre 2023. Les prix diminuent de 3,8 % pour les maisons et de 4,1 % pour les appartements. À en croire les notaires, cette baisse continuerait de s’amplifier les prochains mois, pour atteindre 5,5 % à fin mai 2024. Les prix des appartements anciens diminueraient légèrement davantage que les maisons anciennes, avec -6 % sur un an à fin mai 2024 sur le marché du collectif, contre -5,1 % sur celui de l’individuel. En province, les prix des logements anciens ayant commencé à diminuer plus tardivement, les projections jusqu’à fin mai 2024 prévoient des diminutions annuelles un peu plus modérées, d’un peu moins de 5 %, qu’il s’agisse des appartements ou des maisons.

En Île-de-France, en un an, de juin 2023 à juin 2024, les prix des appartements baisseraient de 7,3 % (à rapprocher d’une baisse annuelle de 8,7 % en février). On attend un recul des prix de 7,5 % en Petite couronne et de 6,1 % en Grande couronne. Quant aux prix des maisons, ils devraient baisser de 7,7 % de juin 2023 à juin 2024 (pour rappel : 10 % de baisse annuelle en février), -9,6 % en Petite couronne et -6,7 % en Grande couronne. À Paris, d’après les indicateurs avancés sur les avant-contrats à fin juin 2024, le prix au mètre carré des appartements anciens devrait être de 9 360 € en juin 2024. La baisse annuelle des prix atteindrait alors 7,6 %.

« L’année 2024, conclut la note de conjoncture, pourrait connaître un parallélisme inversé avec l’année 2022, qui avait évolué en deux temps : un premier semestre encore dynamique masquant le début de la baisse au second semestre ; le second semestre 2024 et plus encore le dernier trimestre, pourraient marquer le début d’une reprise. Il existe des signaux encourageants vers une situation plus porteuse, alors que la baisse des prix de l’immobilier n’a pas encore compensé la diminution de la capacité d’emprunt des ménages, liée plus particulièrement à la hausse des taux d’intérêt ».

Côté marché du neuf enfin, la même note de conjoncture indique que celui-ci pâtit de difficultés « endémiques », avec une offre de logements « en baisse constante ».

De mars 2023 à février 2024, 364 800 logements ont été autorisés à la construction, soit 101 900 de moins que lors des douze mois précédents (-21,8 %) et 21 % de moins qu’au cours des douze mois précédant la crise sanitaire (de mars 2019 à février 2020). Le nombre de logements réservés diminue depuis sept trimestres consécutifs. Ainsi, comparé au même trimestre de l’année précédente (T4 2022), le nombre de réservations baisse très fortement au quatrième trimestre (-33,9 %). Ce repli concerne à la fois les nouvelles constructions (-33,5 %) et la construction sur existant (-37,7 %). Le repli des réservations dans le collectif se poursuit pour le quatrième trimestre consécutif. Ainsi, sur un an, les réservations d’appartements baissent de 33,2 %. En maisons, sur un an, la baisse est très prononcée (-44,7 % par rapport au quatrième trimestre 2022). Le nombre de logements mis en vente diminue pour le quatrième trimestre consécutif. Ainsi sur un an, les mises en vente sont en fort repli (-45,5 %). Cette diminution est de 44,1 % pour les nouvelles constructions et de 57,6 % pour la construction sur existant.

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