Il semble acquis que les Français sont disposés à retourner sur le marché immobilier dès lors que les taux le permettront et malgré le contexte actuel. Mais la légère embellie du printemps, constatée par les notaires sur l’ensemble du territoire, démontre que ce même marché immobilier, moteur de la croissance s’il en est, est sensible à la stabilité, tant économique que politique…
La dernière note de conjoncture des Notaires de France (datée de juillet dernier), nous apprend que le volume de transactions de logements anciens, en cumul, sur les douze derniers mois, en France (hors Mayotte), atteint les 793 000 transactions à fin mai 2024. La baisse annuelle se stabilise à un peu plus de 20 % depuis novembre 2023, pour désormais atteindre -22,6 %.
Il faut remonter à décembre 2015 pour retrouver des volumes de transactions à ce niveau. Au rythme de baisse actuel, le volume de transactions pourrait passer sous la barre des 750 000 à la sortie de l’été. La rentrée de septembre sera charnière pour l’activité du marché immobilier, au regard d’éléments plus favorables qui commençaient à poindre à l’aube de cet été.
« Le marché immobilier semblait enfin approcher de son point d’atterrissage après bientôt deux ans de chute, souligne la note. Alors que frémissait une fragile reprise, la BCE avait d’ailleurs choisi en juin de baisser ses taux directeurs après les avoir maintenus au même niveau pendant neuf mois, en raison d’une inflation qui ralentissait et dont les perspectives s’en trouvaient nettement améliorées. Ce choix offrait alors une bouffée d’oxygène et des perspectives plus réjouissantes au marché immobilier ». Et d’ajouter : « À n’en pas douter, la reprise de la demande passera par une baisse prolongée des taux, mais dont le rythme devrait être plus prudent de la part de l’institution européenne d’ici à la fin de l’année. Cet espoir, né du desserrement de la politique monétaire qui ressurgissait positivement sur les crédits aux particuliers, pourrait être remis en cause par l’incertitude politique née de la récente dissolution de l’Assemblée nationale. De fait, le marché immobilier a été marqué par un coup d’arrêt dans l’assouplissement des conditions de crédit, provoquant l’attentisme. Pourtant, il semble acquis que les Français sont disposés à retourner sur le marché immobilier dès lors que les taux le permettront et malgré l’expectative actuelle. Leur appétence pour la pierre-refuge ne se dément pas ; la légère embellie du printemps, constatée par les notaires sur l’ensemble du territoire, démontre que le marché immobilier est sensible à la stabilité, tant économique que politique, gage de confiance. »
En France métropolitaine, les prix des logements anciens baissent pour le troisième trimestre consécutif sur un an de 5,2 % au premier trimestre 2024. Les prix diminuent de 5,5 % pour les appartements et de 4,9 % pour les maisons. Cette baisse devrait s’atténuer les prochains mois, pour s’établir à -4,8 % sur un an à fin août 2024.
En province, les projections prévoient, comme pour la France métropolitaine, un ralentissement de la baisse à fin août 2024. Elle serait tout de même un peu plus marquée sur le marché des maisons anciennes (-4,7 % sur un an) que sur celui des appartements anciens (-3,7 % sur un an). En Île-de-France, sur un an, les prix des logements anciens continuent de baisser plus fortement au premier trimestre 2024 (-8,1 %). À Paris, cette baisse est de 7,9 % sur un an, avec un prix au mètre carré de 9 490 €. Néanmoins, d’après les projections réalisées à partir des avant-contrats à fin août 2024, le prix au mètre carré des appartements parisiens évoluerait peu dans les prochains mois.
« La crise immobilière de ces derniers mois a affecté les différents acteurs de l’immobilier, soulignent les notaires, mais aussi et surtout les Français dans leur capacité à se loger. Les gouvernements ont peiné à poser une politique du logement renouvelée, alors même que le secteur immobilier dans son ensemble est un moteur de la croissance et une priorité des Français ».
Du côté du neuf, en mai 2024 les autorisations de logements diminuent et s’établissent à 27 500 (-3 % par rapport à avril 2024). Le nombre de logements autorisés se situe 29 % en dessous de son niveau moyen des douze mois précédant le premier confinement. De juin 2023 à mai 2024, 353 800 logements ont été autorisés à la construction, soit 15 % de moins que lors des douze mois précédents. En mai 2024, 26 500 logements auraient été mis en chantier, soit 14,2 % de plus qu’en avril 2024. Au cours des douze derniers mois, 280 100 logements seraient mis en chantier, soit 21,5 % de moins qu’entre juin 2022 et mai 2023.